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REVUE DES DEUX MONDES.

« Tu es la règle, le poids et le nombre, la beauté et l’ordre, l’ornement et l’amour, le salut et la vie, la volupté souveraine avec son nectar et son ambroisie.

« Tu es la source de la vraie sagesse, tu es la lumière véritable, tu es la loi vénérable, tu es l’espérance qui ne trompe pas, tu es l’éternelle raison, et la voie, et la vérité ;

« La gloire, la splendeur, la lumière aimable, la lumière bienfaisante et inviolable, la perfection des perfections, quoi encore ? le plus grand, le meilleur, l’un, le même. »

En résumé, quelle conclusion faut-il tirer de l’ouvrage que nous venons de parcourir et d’analyser fidèlement ? Supposons que cet ouvrage soit seul ; en nous y renfermant, y trouvons-nous la haine du christianisme et l’athéisme ? Nullement. Il y a, partout semées, des protestations peut-être outrées d’orthodoxie, une théodicée incomplète, fondée sur un seul principe, par conséquent des réfutations quelquefois insuffisantes des mauvais systèmes répandus au XVIe siècle ; un déisme d’une qualité assez médiocre, et, comme on dirait aujourd’hui, des tendances équivoques ; le péripatétisme d’Aristote mal développé par celui d’Averroës et de Pomponat : mais de là à l’impiété et à l’athéisme il y a loin, et, si nous étions appelé à juger Vanini sur ce livre seul, en conscience et ne croyant pas permis de condamner qui que ce soit par voie de conjecture et d’hypothèse, nous prononcerions d’après ce livre : Non, Vanini n’est pas athée.

Passons maintenant à l’examen de son second et dernier ouvrage qui parut à Paris, un an après l’Amphithéâtre, sous ce titre : Quatre livres de Jules-César Vanini, Napolitain, théologien, philosophe et docteur en l’un et l’autre droit, sur les secrets admirables de la Nature, reine et déesse des mortels[1]. Ce titre pompeux couvre un traité de physique divisé en quatre livres : le premier, sur le ciel et l’air ; le deuxième, sur l’eau et la terre ; le troisième, sur la génération des animaux ; le quatrième, sur la génération des païens. Vanini, lui-même, nous apprend que cet écrit est un abrégé de ses Mémoires physiques[2]. Il avait aussi composé, à ce qu’il dit, des Mémoires de Médecine[3], ainsi que des commentaires sur le livre de la Génération d’Aristote[4]. Il fait encore allusion à un autre ouvrage, dont

  1. Julii Cæsaris Vanini, Neapolitani, theologi, philosophi et juris utriuque doctoris, De admirandis naturæ reginæ deæque mortalium Arcanis, libre quatuor ; Paris, 1616, in-12.
  2. Dial., p. 301.
  3. Ibid., p. 275.
  4. Ibid., p. 172.