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L’ISTHME DE PANAMA.

péens non acclimatés, ou peut-être par d’autres motifs, il revint en Angleterre[1]. D’ailleurs, en supposant qu’on pût conduire à Maria-Henrique la quantité d’eau nécessaire pour alimenter le canal, et en faisant abstraction des proportions extraordinaires à donner ici aux écluses, on se fût trouvé, pour les pentes à racheter, en-deçà des limites habituelles. La pente en effet eût été, sur le versant de l’Atlantique, de 190 mètres, sur celui du Pacifique, de 191, total, 381 mètres. D’après ce qui a été rapporté plus haut, ce n’est qu’un peu plus des deux tiers du canal de Bourgogne, beaucoup moins de la moitié du canal, à demi exécuté présentement, de la Chesapeake à l’Ohio, où la pente et la contre-pente, avons-nous dit, seront de 963 mètres.

Quelque incomplet qu’ait été le travail de MM. Lloyd et Falmarc, et quoique leur nivellement n’ait pas été répété, ainsi que M. Lloyd le reconnaît, on est cependant autorisé à en conclure non-seulement, ce qu’au surplus on savait déjà, que l’isthme est déprimé aux environs de Panama, mais encore qu’il l’est notablement plus dans certaines directions que dans celle de Maria-Henrique ; car M. Lloyd, qui paraît avoir beaucoup examiné le pays, conclut formellement en signalant pour le chemin de fer, si l’on en voulait un entre les deux océans, deux tracés s’écartant peu de la ligne droite qui unirait Panama et Chagres. Ces deux tracés ne diffèrent qu’en ce qu’ils aboutissent sur le Pacifique, l’un à Panama même, l’autre à la baie de Chorrera. D’ailleurs, au lieu d’aller jusqu’au port de Chagres, ils se terminent au confluent du Rio Chagres et du Rio Trinidad, le Rio

  1. MM. Lloyd et Falmarc se mirent à l’œuvre le 5 mai 1828, quoique la saison des pluies eût commencé. Leur nivellement partait de la rue Sal-si-Puede, qui touche à la mer, à l’endroit de la plage appelé Playa-Prieta. À 36,760 mètres de Panama, ils rencontrèrent la rivière Chagres. Après s’être élevés, à Maria-Henrique, à 196 mètres 39 centimètres au-dessus de la mer Pacifique, ils étaient là redescendus à 49 mètres 76 centimètres. Tel était le niveau du Chagres en ce point le 7 février 1829. De là à Cruces, ils trouvèrent par la rivière une distance de 31,070 mètres, et une pente de la rivière de 34 mètres 95 centimètres. De Cruces à l’embouchure, il y a une distance de 82 kilomètres, et la pente n’est que de 15 mètres 88 centimètres. Depuis la Bruja, qui est encore à 18 kilomètres de Chagres, la rivière n’a plus de pente.

    Il résulte du projet tracé par M. Lloyd que le terrain entre Panama et le Rio Chagres, selon la direction qu’il a suivie, est bombé et s’élève graduellement dans les deux sens, non cependant sans quelques ondulations, au lieu d’offrir, comme l’a trouvé M. Bailey, entre le lac Nicaragua et l’Océan Pacifique, au milieu du trajet, une crête saillante qu’il suffit de percer par un souterrain assez court pour être dispensé de gravir la majeure partie de la pente.