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des siennes, de même que sur certains détails le présent éditeur n’est point toujours d’accord avec lui.

La difficulté, encore une fois, d’une édition des Pensées, était extrême, en même temps que l’exécution en devenait plus urgente : «  Nous croyons, a droit de dire M. Faugère en son introduction, nous croyons avoir surmonté ces difficultés autant qu’il était possible de le faire, du moins nous y avons travaillé, non-seulement avec patience, c’eût été trop peu pour une pareille tâche, mais avec l’infatigable passion qu’inspire aisément la mémoire d’un écrivain en qui se rencontrent, dans une merveilleuse alliance, la beauté de l’ame et la grandeur du génie. » Connu déjà par l’Eloge de Gerson et par celui de Pascal que l’Académie française avait tous deux couronnés, M. Faugère était mieux prédisposé que personne à mener à bien cette œuvre de restauration et de piété dans laquelle son esprit exact et délicat allait s’aiguiser d’une sensibilité tendre et scrupuleuse pour porter sur chaque point une investigation pénétrante. Il a complètement réussi, il a eu la satisfaction d’arriver à lire (à l’exception d’un bien petit nombre de mots) la totalité de ce texte manuscrit dans lequel, si aidé qu’on fût par des copies plus ou moins conformes, on n’avait encore fait que les premiers pas « L’écriture de Pascal, dit-il, est excessivement rapide, il semble qu’elle rivalise avec la rapidité de l’esprit, on dirait une sorte de sténographie obligée de recueillir en courant l’improvisation d’une intelligence pressée de se produire au dehors, parce qu’elle pressent la dissolution prochaine de l’organisation maladive à laquelle elle est enchaînée. Cette écriture, presque illisible pour ceux qui ne l’ont pas étudiée, a quelque chose du trait impatient et fougueux de Napoléon, mais, quoiqu’à demi formés, les caractères ont la fermeté et la netteté du burin. » C’est moins, on le conçoit, avec les yeux mêmes qu’avec la sagacité comparative et par la pénétration du tour, du jet habituel à Pascal, qu’on arrive à déchiffrer une écriture aussi elliptique ; aussi, à quelqu’un qui lui disait que ce travail devait bien lui fatiguer les yeux, M. Faugère put répondre : « Non, ce n’est pas aux yeux qu’est la fatigue, c’est au cerveau. »

Je n’ai point dessein de raconter ici par le menu le plan d’une édition dont chacun va demain se pourvoir : dans le premier volume, M. Faugère a rassemblé les lettres, les petits traités, les pensées et fragmens de Pascal qui ne se rapportent pas à son grand ouvrage sur la religion ; le second volume contient tout ce qui est relatif à ce dernier ouvrage. On pourrait signaler bien des pensées ou même des