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de propreté. Comme il n’y a qu’une pompe par cour ; un seul trou aux cendres pour recevoir les résidus, et un seul lavoir, chaque ménagère ne manque pas de prétextes pour se relâcher de la rigueur de ses fonctions. L’usage d’engraisser des porcs contribue encore à augmenter les dépôts et les émanations qui vicient l’atmosphère[1] ; mais comme, après tout, les familles ont de l’air et de l’espace, comme les caves ne sont pas habitées ainsi qu’à Liverpool et à Manchester, les maladies font moins de ravages, et Birmingham jouit comparativement d’une sorte de salubrité[2]. Le docteur Duncan évalue la mortalité de cette ville à un décès par an sur 36 79/100 personnes ; il est vrai que l’on n’y compte que 40 habitans par mille carré de surface bâtie, c’est-à-dire un peu moins qu’à Londres, et beaucoup moins qu’à Leeds, qu’à Manchester, qu’à Liverpool.

V Pendant la dernière moitié du XVIIIe siècle, le sol aux abords de la ville était divisé en petits jardins, que les ouvriers louaient à raison d’une guinée, et demie par an. Là, dans la belle saison, après leur travail, ils passaient la soirée à cultiver des légumes et des fleurs, simple et salutaire occupation qui était pour eux une source de plaisirs. Depuis cette époque, les jardins ont graduellement disparu pour faire place aux maisons ; et comme Birmingham, de même que Manchester et Liverpool, n’a pas de promenades publiques, les ouvriers manquent d’un lieu de récréation où ils puissent, une ou deux fois par semaine, respirer un air plus salubre et plus pur que celui des rues ou des ateliers. Telle est cependant l’excellence d’un site élevé de cinq cents pieds au-dessus du niveau de la mer, formé de plusieurs collines et baigné par plusieurs ruisseaux, que la vie moyenne à Birmingham, par une exception très remarquable, a presque la même durée que dans les districts ruraux.

La mortalité dans l’âge le plus tendre est presque aussi considérable qu’à Manchester, et elle, tient aux mêmes causes. La moitié des

  1. S’il faut en croire les huit médecins qui ont signé le rapport inséré dans l’ouvrage de M. Chadwick (Sanitary condition, etc.), la voie publique servirait littéralement de voirie. Je me borne à reproduire ici le texte anglais, dont notre langue n’admettrait pas la crudité. « It is a common custom throughouh the town to empty the contacts of the ash-pits and privies in the night into the streets, from which they are carted away early on the following morning. But some filth always remains after this proceeding and continues, until it has entirely evaporated, to be an annoyance to the neighbourhood. Deposits are made on the side of the canals, until they are removed in boats into the country. ».
  2. A Birmingham, en 1832, l’on n’a compté que vingt-quatre cas de choléra, pendant qu’a dix milles de là, le choléra dépeuplait la petite ville de Bilston.