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de la Louisiane, nommé Boatright, avait eu l’imprudence de se prononcer hautement, dans une réunion, contre la révolution texienne, et de blâmer la connivence du gouvernement américain avec les révoltés. Il fut surpris chez lui, à Caddo, sur le territoire américain, par une bande de Texiens et emmené au Texas : là on résolut de l’enterrer tout vif. Pendant qu’on creusait sa fosse devant lui, il parvint, à s’échapper par un effort désespéré, mais une décharge de mousqueterie l’étendit raide mort. Son corps fut coupé en morceaux, et les membres suspendus aux arbres voisins. Le gouvernement américain garda le silence sur ce fait. Quelle ne devait pas être la terreur des Texiens quand un citoyen américain était ainsi traité !

Pendant qu’on obtenait ainsi l’unanimité des colons, tous les Américains du sud qui avaient pris part à cette œuvre de perfidie s’occupaient activement d’en assurer le succès. La ville de Cincinnati forma un bataillon de volontaires qui partit au secours du Texas. Mobile et Natchez suivirent cet exemple, la Nouvelle-Orléans envoya à elle seule trois compagnies, montant à plus de cinq cents hommes. Félix Houston, frère de Samuel, prit le titre de général et partit avec un bataillon levé dans le Tenessee. Des bureaux de recrutement furent ouverts à la Nouvelle-Orléans et dans d’autres villes, et leur adresse indiquée dans tous les journaux : des meetings furent tenus dans tous les états, des souscriptions ouvertes ; des armes, des munitions, des provisions de toute sorte rassemblées publiquement. Le gouvernement, évidemment d’accord avec les spéculateurs en terres, garda le silence et laissa tout faire, malgré les réclamations incessantes des états du nord, dont les journaux invoquaient sans cesse la loi américaine qui fixe « une amende qui ne pourra excéder mille dollars, et un emprisonnement qui n’excédera pas trois ans contre toute personne qui, dans les limites du territoire et de la juridiction des États-Unis, mettra sur pied, ou rassemblera, ou préparera une expédition ou une entreprise militaire dirigée contre le territoire ou les domaines d’un prince, état, colonie, district, ou peuple étranger, avec qui les États-Unis seraient en paix. »

À la nouvelle de la révolte du Texas, Santa-Anna partit à la tête d’une partie de l’armée mexicaine pour la comprimer. Il débuta par