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des succès, et sembla sur le point d’étouffer l’insurrection à sa naissance. Aussitôt Samuel Houston écrivit à un citoyen éminent de Tennessee, Dunlap : « Pour avoir les forces qui nous sont nécessaires afin de résister au Mexique, nous comptons principalement sur les États-Unis. Ce secours ne saurait arriver trop tôt….. Il n’y a, à mon avis, qu’une pensée chez les Texiens : c’est d’établir l’indépendance du Texas et d’être incorporés aux États-Unis. » Dunlap prit aussitôt le titre de général, leva un corps de troupes, et marcha vers le Texas. Samuel Swartwout, l’ami d’enfance, le confident intime du président Jackson, se mit également à rassembler des hommes et des armes, et obtint même du président une escorte pour le convoi qu’il préparait, mais qui devint inutile. On sait que Samuel Houston, ayant intercepte une dépêche de Santa-Anna, réussit à surprendre à San-Jacinto l’avant-garde mexicaine, la dispersa, et fit Santa-Anna prisonnier. On a constaté ce fait : c’est que, dans les troupes qui combattirent sous les ordres de Houston à San-Jacinto, il n’y avait que trente-sept Texiens ; le reste était des volontaires américains. On remarqua aussi que Houston dépêcha immédiatement un courrier particulier au général Jackson, et lorsque ce courrier arriva à Washington, quoiqu’il fût plus de minuit on le conduisit au président, que l’on réveilla exprès.

Cependant le gros de l’armée mexicaine n’avait pas été entamé, elle comptait encore à peu près dix mille hommes, et était plus que suffisante pour réduire les insurgés, lorsque le général Jackson prit une mesure qui sauva le Texas. Cette mesure lui a été souvent reprochée, et elle est une tâche dans sa vie politique, car elle est empreinte d’un caractère de duplicité indigne du chef d’un grand gouvernement. Il prétexta que les Indiens pouvaient profiter des troubles du Texas pour faire des courses sur la frontière, et expédia au général Gaines l’ordre de marcher avec un corps de troupes pour faire respecter le territoire américain, mais Gaines, qui avait des instructions secrètes, ne s’arrêta pas à la frontière : il la franchit avec ses troupes et s’avança jusqu’a la ville de Nacogdoches, a soixante-quinze milles dans l’intérieur du Texas. Il y établit son quartier-général et s’y retrancha. En même temps il laissait passer sans obstacle, par centaines et par milliers, les volontaires et les corps organisés qui se rendaient des États-Unis au Texas, et même deux cents hommes de ses troupes trouvèrent moyen de déserter avec armes et bagages, et d’aller rejoindre avec leur uniforme l’armée texienne. Aussi l’envoyé mexicain indigné quitta Washington, et de toutes parts le bruit se répandit au Texas que les États-Unis se déclaraient contre le Mexique. Samuel Houston