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la république du Texas, et en même temps il avait offert une satisfaction raisonnable pour tous les griefs dont le général Jackson avait poursuivi en vain le redressement. Il n’y avait donc aucun prétexte légitime de se jeter dans une guerre contre le Mexique, il fallait avouer qu’on voulait avoir le Texas à tout prix, et cela au moment où le congrès était convoqué extraordinairement pour rétablir le crédit de l’Union. M. Van Buren, qui rencontrait une opposition très vive à ses mesures financières, ne voulut pas se mettre sur les bras un embarras de plus ; il refusa les offres du Texas, en donnant pour raison que le gouvernement mexicain pourrait considérer l’annexation comme équivalant à une déclaration de guerre. Le gouvernement texien ne tarda pas d’ailleurs à rompre officiellement la négociation. Il obtint successivement d’être reconnu par la France, par l’Angleterre, et par la plupart des puissances européennes : il sembla se résigner à son existence indépendante, et la question de l’annexation parut définitivement résolue contre les vœux des états du sud.

II

Maintenant, comment cette question a-t-elle été soulevée de nouveau, et pourquoi va-t-elle décider sans doute de l’élection du président ? C’est ce qu’on ne peut faire comprendre sans entrer dans quelques explications sur la situation respective des partis aux États-Unis. Personne n’ignore que l’Union s’est trouvée, dès l’origine, divisée en deux grands partis, les fédéralistes et les démocrates : les premiers, ayant pour but de fortifier, autant que possible, le gouvernement central, et de changer peu à peu les états particuliers en de véritables provinces, afin de ne faire de toute l’Union qu’un seul corps, une seule nation ; les autres, au contraire, cherchant à affaiblir, autant que possible, l’autorité du congrès au profit des états particuliers. Dans le premier parti se rangèrent tous les grands hommes de la révolution, Washington, Hamilton, Jay, J. Adams ; mais la mort de Washington fut pour les fédéralistes un coup mortel. L’opinion démocratique arriva au pouvoir avec Jefferson, et ne s’en dessaisit plus. Le parti opposé, tenu long-temps loin du pouvoir, se décomposa et cessa, à vrai dire, d’exister. Cependant les restes du parti fédéraliste, joints aux mécontens, à tous ceux qui trouvaient que les démocrates allaient trop loin, réussirent, en 1824, à porter John Quincy Adams à la présidence. Ce ne fut qu’un triomphe éphémère ; M. Adams ne put