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à peu l’empire se démembra, des conspirations de palais amenèrent une guerre civile, et l’Angleterre prit parti dans la querelle. En 1772, à la mort du pechwa Madhou-Rao, Narraïn, qui devait lui succéder, fut assassiné par son oncle Ragobah Les populations mécontentes se déclarèrent contre le meurtrier en faveur d’un fils posthume de sa victime. L’usurpateur chercha un refuge près des Anglais, qui avaient enfin un prétendant à soutenir. Le prétexte une fois trouvé, les Anglais l’exploitèrent activement. Deux fois sils déclarèrent la guerre aux Mahrattes pour les forcer à accepter l’assassin de leur pechwa, deux fois les montagnards résistèrent aux attaques étrangères. L’invasion d’Hyder-Ali survenant, il devenait téméraire d’irriter les Mahrattes ; un traité de paix fut conclu, par lequel les places conquises seraient rendues, excepté celle de Salsette. C’était la seconde fois que les agens britanniques renonçaient à faire triompher une cause qui n’était assurément pas celle du droit et de la légitimité.

Désormais, la politique européenne va se trouver en jeu dans le sud de l’Inde ; les chefs mahrattes, hommes d’action, trop impétueux et trop bornés pour démêler leurs véritables intérêts à travers ce labyrinthe d’intrigues, ne savent quel parti embrasser. Sous l’inspiration du roi de Mysore, ils attaquent, en 1784, les petits états voisins des possessions britanniques, et, après avoir enlevé imprudemment cette barrière qu’il fallait respecter, ils s’arrêtent avec effroi. Lord Hastings les détacha bientôt de l’alliance contractée avec Hyder-Ali ; à la rigueur, ils n’avaient rien à gagner aux victoires de ce héros musulman, cruel envers les Hindous, fanatique comme Aurang-Zèbe. Quand Tippoo recommença les hostilités, il enleva aux anciens alliés de son père une partie de leurs provinces, et les Mahrattes vaincus ne rentrèrent en possession du territoire envahi que par le secours de leurs nouveaux amis les Anglais. Ceux-ci sacrifiaient à un avenir peu éloigné leur ambition du moment : Tippoo devait périr à tout prix, telle était la condition première des succès de leurs établissemens dans l’Inde. Quand ces difficultés eurent été habilement résolues, quand le sultan de Seringapatam eut disparu avec la dynastie musulmane, dans sa capitale prise d’assaut, quand la révolution française laissa l’Angleterre asseoir les bases de sa puissance en Asie, de nouveaux troubles ébranlèrent à jamais l’empire affaibli du Maharashtra. En 1795, la mort du jeune pechwa, contre lequel les troupes britanniques avaient autrefois pris : parti, amena une lutte désastreuse entre deux compétiteurs qui se disputèrent l’autorité pendant huit années. Après les guerres de la seconde partie du XVIIIe siècle, le royaume des Mahrattes se trouvait