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entre les États-Unis, l’ancienne Amérique espagnole, le Brésil, les Antilles, l’Angleterre, et un peu l’Espagne d’un côté, avec les états sardes, le royaume de Lombardie, la Suisse et l’Allemagne centrale, partie du Zollverein, même la Belgique de l’autre. L’Angleterre n’emprunte guère la voie du continent pour son commerce des pays lointains ; mais la Hollande par le Rhin et la Meuse, Brême et Hambourg sur la mer du Nord, Trieste sur l’Adriatique, Gênes et Livourne sur la Méditerranée, offrent le choix de routes diverses, autres que celles de la France, à l’industrie de l’Europe intérieure. Nous devons en conclure que les faits que nous allons examiner ont une importance bien plus grande quenelle des chiffres dont nous disposons.

Nous pouvons, en comparant entre eux les produits de nos divers manufacturiers, en apprécier aisément la qualité et le mérite relatif ; mais notre jugement n’aura tout son prix que lorsqu’il sera confirmé par celui des nations avec qui nous sommes en relations de commerce. Ayant prohibé les articles similaires, nous n’avons pas devant nous tous les termes de comparaison désirables, et ce n’est que par l’état de notre commerce extérieur que nous finissons par être éclairés. Les étrangers nous montrent, par l’usage plus ou moins étendu qu’ils font de nos marchandises, si, à leur égard, nous sommes dans une voie avantageuse. Une instruction semblable nous arrive quand la rivalité d’une autre nation Vient troubler les débouchés dont nous étions en possession. C’est le consommateur étranger, libre de choisir entre toutes les provenances, dont il faut écouter la voix ; car à l’intérieur nous sommes maîtres du marché, et personne ne nous le dispute. Nous allons donc, sous ce point de vue, examiner plus particulièrement la situation des quatre grandes branches d’industrie qui ont formé la partie la plus éclatante de l’exposition. La mise en œuvre de la soie, de la laine, du lin et du chanvre, et enfin du coton, est le résultat final de la plupart des arts que nous avons passés en revue. Le fer, les machines-outils, l’emploi de la vapeur et des autres forces motrices, les mécaniques les plus compliquées, la teinture, les apprêts et les arts chimiques viennent en définitive aboutir au filage et au tissage. Notre examen sera donc à présent plus minutieux, et si nous faisons usage de quelques chiffres, c’est que, sans eux, nos idées pourraient manquer d’appui et notre raisonnement rester sans force, réduit qu’il serait à de simples assertions.

Aucun pays, assurément, ne peut contester à la France la suprématie la mieux caractérisée dans les plus remarquables des tissus. On ne trouvera, nulle part rien qui rivalise avec ce qui sort de nos manufactures