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avec eux sur les marchés de l’Italie ; il est probable qu’ils en profiteront pour obtenir des abaissemens de prix, et de cette façon réunir contre nous une plus grande somme d’avantages. Ceci n’est certes point une crainte imaginaire ; ainsi alimentés, et avec un système de fabrication moins coûteux que le nôtre, les pays que nous venons de citer nous ont atteints et nous devancent. Les exportations générales de 1843 comprennent, dans les articles de soieries,


Fabrication française Provenant de l’étranger
Foulards imprimés, valeur 1,168,320 fr 6,880,440 fr.
Étoffes de soie unies 48,811,320 12,039,480
Rubans 23,817,240 11,762,760

Si une immense supériorité nous est restée d’ailleurs pour les articles de goût, on ne peut plus vivement nous disputer, sur notre propre terrain, ce qui sert à la consommation générale.

Notre situation, pour l’industrie de la laine, est encore plus désavantageuse, car une première entrave s’est trouvée dans les exigences des propriétaires du sol ; déjà ils ont renchéri le fer en doublant le prix du bois, ou du moins ils l’ont empêché de descendre à son prix normal ; maintenant ils défendent le prix de l’herbe en faisant imposer la laine à 22 p. 100 de droits de douane, qui même, disent-ils, ne leur suffisent plus. Élever sans le concours d’aucun travail spécial la valeur vénale de la terre, puis le prix du fermage, et réclamer par suite une augmentation de protection sur les produits, est aussi funeste à toute industrie que si quelque mesure financière était instituée dans le but d’élever le taux de l’intérêt du capital et de resserrer le crédit. Nous confessons donc que le fabricant de lainage a eu dans cette occasion à lutter contre une difficulté grave, à laquelle les primes à la sortie des étoffes sont loin de remédier, car il en résulte une hausse artificielle sur les laines françaises. Au reste, le fabricant a, dans cette occasion, prêté aide de grand cœur au propriétaire, dans la crainte que le retrait du droit n’entraînât la cessation de la prohibition. Il a sacrifié le développement d’une industrie qui depuis si long-temps fait la gloire de la France au doux repos dont le système actuel lui permet de jouir.

Nos importations de laines étrangères se bornent, année moyenne, à une vingtaine de millions de kilogrammes, dont la valeur est aussi moyennement de 40 millions de francs. Dans la division des produits exportés, nous trouvons que les articles de lainage ont été, en 1843,