Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/747

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nos besoins. Aujourd’hui nous demandons à l’étranger même le fil dont quelquefois nous avons fourni la matière première. Le remède de nos lois douanières s’est trouvé impuissant pour le détourner.

La France a acquitté en fil de lin et de chanvre :


En 1841 9,915,000 kil de la valeur de 40 millions de francs
En 1842 11,314,000 - 45 mill. 900 mille fr.
En 1843 7,629,000 - 30 mill. 500 mille fr.

La législation, changée en 1842, a suspendu un moment l’importation, mais déjà les premiers mois de 1844, comparés à ceux de l’année dernière, montrent une progression notable. L’élévation des droits ne suffit plus à garantir nos filatures ; ce n’est qu’en elles-mêmes qu’elles doivent chercher les moyens de repousser les produits étrangers. La surélévation des taxes protectives n’aboutirait plus qu’à développer la fraude.

En toiles de lin et de chanvre, l’acquittement a été :


En 1841 d’une valeur de 18 millions 100 mille francs
En 1842 - 19 millions 300 mille francs
En 1843 - 13 millions 600 mille francs

Il est vrai néanmoins de dire que certaines de nos fabrications sont encore demandées pour l’exportation, et que nos propres colonies prennent chez nous des toiles étrangères acquittées ; il s’en est suivi, sans distinction de provenance, une exportation qui a été pour les toiles de lin et de chanvre :


En 1841 de 14 millions de francs
En 1842 de 10 millions 200 mille francs
En 1843 de 11 millions 700 mille francs

et pour les batistes et linons :


En 1841 de 13 millions 100 mille francs.
En 1842 de 8 millions 300 mille francs
En 1843 de 8 millions 300 mille francs

On pourrait à ces chiffres rattacher une exportation de fils de lin et de chanvre qui va de 12 à 15 cent mille francs.

A quelle cause est due notre infériorité dans cette industrie si ancienne et presque liée à l’exploitation du sol ? c’est ce que les investigations du jury pourront peut-être révéler ; mais, en attendant, nous constatons que, supérieurs à tous pour faire de la batiste, nous ne comptons que sur l’étranger pour la toile qui sert à faire nos chemises. Au reste, nos exportations de batiste, si les avis que nous avons sont exacts, seraient elles-mêmes menacées, et en travaillant aux articles