Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

citoyen, la propriété de tous, n’user de rigueur que contre les hommes qui, au mépris des vœux de la nation, oseraient soutenir et défendre la faction oligarchique que le Brésil repousse : tel sera votre devoir. »

La proclamation et le manifeste de José Feliciano furent publiés Barbacena en juin 1842. Plus de six mille hommes mal armés, mal vêtus, de toutes les classes et de toutes les couleurs, se réunirent aussitôt dans diverses localités. Des lieutenans, des capitaines furent élevés au rang de commandans en chef. On agit sans ensemble ; la peur régnait dans les deux camps. Après une vive fusillade à Parahyhuna, il n’y eut que six blessés dans les deux armées : l’engagement le plus brillant fut celui de Queluz, le 26 juillet ; les rebelles, au nombre de quinze cents hommes, chassèrent de la position qu’il occupait le général Riébona, qui eut cinquante hommes tués ou blessés, et perdit cent cinquante prisonniers avec sa seule pièce d’artillerie Les insurgés triomphans vinrent former le siége d’Ouropreto, chef-lieu de la province, et s’ils avaient été commandes par des chefs habiles ou résolus, cette ville tombait en leur pouvoir, car le président Jacintho de la Vieja était le seul parmi les habitans qui voulût résister : le commandant d’armes de la province était prêt à rendre la ville. Après huit jours d’une vive fusillade, sans qu’il y eût de sang versé, les rebelles se retirèrent, n’ayant pas osé pénétrer les armes à la main dans l’intérieur d’une ville tout ouverte, qui n’avait pour défense que quatre pièces de canon Caëthe fut ensuite assiégé ; un combat très bruyant eut lieu entre l’avant-garde des deux partis, et dans ce combat qui dura trois jours, deux hommes seulement furent tués par accident.

Malgré l’échec éprouvé par les rebelles devant Ouropreto, leur nombre était encore imposant ; ils auraient pu lutter même avec avantage contre les troupes impériales, s’ils eussent marché avec plus d’ensemble ; mais de nouveaux incidens vinrent affaiblir la position des insurgés. Une proclamation impériale détermina la défection d’environ trois mille rebelles dégoûtés d’un parti dont le triomphe devenait douteux. La révolte, loin de s’étendre dans toute la province, fut limitée aux districts de Barbacena, Ouropreto, Queluz, Cocaès et Sabara ; l’insurrection fut comprimée à Diamantina, Villa do Serro et Minas-Novas. Partout s’organisa la résistance : il y eut un instant près de vingt mille hommes en armes dans toute la province de Minas. Parmi les divers corps d’armée, le plus considérable était celui des quatre mille insurgés qui avaient assiégé Ouropreto. La déroute de cette petite armée par le baron Caxias ; général des troupes impériales, mit