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se sont élevés, de 1839 à 1840, à 67,000 francs, et atteignaient, de 1840 à 1841, plus de 100,000 francs. La période de 1840 à 1841 a, du reste, été une des plus brillantes qu’ait traversées le commerce d’Alogoas. Les importations des pays étrangers, Europe et États-Unis, ont été estimées 2 millions ; les exportations, 1,500,000 francs. De 1841 à 1842, l’importation s’est trouvée réduite à 1,345,000 francs, et l’exportation à 1,200,000 francs. Le président de la province d’Alogoas, dans un rapport à l’assemblée provinciale, propose l’établissement d’une colonie, où tous ceux qui sont inoccupés et n’ont aucun moyen avoué d’existence seraient assujettis au travail. « Cette colonie aurait, dit-il, non-seulement l’avantage d’augmenter les produits de la province, mais elle déciderait aussi le reste de la population à s’assurer, par la culture des terres, une existence honnête ; car ce n’est pas la population qui manque, mais la plupart des habitans sont ou inutiles ou dangereux pour la société. » Si des mesures aussi énergiques pouvaient être adoptées dans tout le Brésil, je ne doute pas que le malaise général ne cessât bientôt ; les ressources abondent, et la prospérité matérielle ne dépend que de la bonne volonté des habitans.

Après une journée passée à Maceyo, il fallut s’embarquer de nouveau pour gagner Fernambouc. Nous longeâmes les rochers bizarrement taillés qui se prolongent sur la côte du Brésil jusqu’au passage étroit qui sert d’entrée aux bassins contenus entre ce môle naturel et le Récife. On désigne sous ce nom une partie de la cité actuelle de Fernambouc, formée de la réunion de deux villes, Olinda et le Récife.

La ville d’Olinda fut fondée par Duarte Coelho Pereira, en 1535. Celle du Récife fut bâtie par les Hollandais, sous Maurice de Nassau. Construit sur plusieurs bancs de sable séparés par diverses criques et par l’embouchure de deux rivières que trois ponts réunissent, le Récife se subdivise en trois parties : le Récife proprement dit, qui comprend les forts et tous les magasins des négocians ; Saint-Antoine, où sont les principales églises et le palais du président ; enfin, Boa-Vista, où se trouvent l’évêché, des couvens, quelques églises et les résidences des plus riches négocians, bâties au milieu de magnifiques jardins. Olinda, isolée du Récife et bâtie sur une colline élevée, perd chaque jour de son importance. Ses rues sont désertes, ses maisons inhabitées. Les moines, retirés dans quelques couvens de cette ville, jouissent seuls de l’air pur qu’on respire à Olinda ; la population s’est éloignée d’un séjour où l’eau manquait, pour se porter dans le Récife où l’attirent une position plus favorable et le mouvement des affaires.

Les débordemens presque annuels de deux rivières, le Biberibo et