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de l’unité morale comparable aux brutalités paradoxales philosophe élégant de la physiologie académique. La physiologie ordinaire n’attribue qu’à des sympathies pathologiques entre les organes et le cerveau l’influence tout indirecte que l’état des premiers exerce sur la pensée, dont, suivant tous les systèmes, le second est le siége ou l’instrument. Il est rare que le besoin de tout matérialiser entraîne les observateurs exclusifs de la nature physique aussi loin que Cabanis. Avec lui, on serait en droit de dire qu’un érysipèle à la jambe, qui donne la fièvre, et avec la fièvre le délire, est une des sources de la pensée. Évidemment, ce ne sont là ni des observations de physique, ni des déductions rationnelles ; ce sont de purs abus de mots, de véritables logomachies.

Maintenant, le système qui s’appuie sur ces représentations si imparfaites des faits fondamentaux de la sensibilité est-il prouvé, est-il clair ?

La seule preuve directe est celle-ci : une partie du corps séparée du système nerveux devient insensible. Cela montre que pour être sensibles ou plutôt pour que les causes de sensations soient senties, les parties du corps sur lesquelles agissent au besoin d’être en communication avec le reste du système nerveux. Ceci indiquerait, entre autres choses, que ce système a un centre, siège de la sensibilité, laquelle n’est pas diffuse dans toutes les parties, non plus qu’inhérente à la matière animale, puisqu’un lambeau de chair qui n’est même pas séparé du corps, mais dont a détruit les liens nerveux avec le corps, reste animal et devient insensible Mais qu’est-ce que cela prouve sur la nature de l’être sentant ? Tout le monde est d’accord qu’un appareil organique, le système nerveux probablement, est nécessaire à la sensibilité ; les psychologistes s’unissent même avec la plupart des physiologistes pour centraliser cette propriété que possède le système nerveux d’être indispensable à la sensibilité, et par suite à la perception, aux opérations et aux connaissances qui en dépendent. Pour conclure de là que la sensibilité, la perception, les opérations subséquentes, sont tout organiques, on nous dit qu’on ne voit dans le sein du système nerveux que la substance nerveuse, savoir une substance organique, et qu’on n’y peut voir ni toucher une substance autre ; donc elle n’y serait pas. Mais on ne voit dans la substance nerveuse ni la sensibilité, ni la perception, ni aucune des opérations ou connaissances qui s’y rattachent ; donc elles n’y sont pas. La réponse vaut bien l’argument.

On insiste et l’on dit : « L’atteinte portée au cerveau est un trouble