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jusqu’ici tous les corps politiques de l’Espagne constitutionnelle. Ces divisions, réagissant sur le ministère, ont failli le désunir et le dissoudre, heureusement le patriotisme et la sagesse de la plupart des membres qui le composent ont résisté à cette première secousse. Il est facile de prévoir que les atteintes de ce genre se renouvelleront.

Le parti progressiste s’est isolé. Ses chefs ne figurent pas dans le congrès Leur abdication politique est un fait regrettable. Nous aurions voulu, dans l’intérêt de leur pays, les voir reprendre leurs anciennes places dans ces assemblées parlementaires où ils ont brillé par leurs talens. Membres de la minorité, ils auraient pu éclairer la majorité de leurs conseils sur des questions d’affaires. Organes d’une opposition légale, leur lutte avec la majorité eût pu produire souvent des résultats utiles. Toutefois, ce que nous disons de certains membres du parti progressiste, hommes sincères, qui ont pu commettre des erreurs, mais dont le patriotisme ne peut être mis en doute par personne, nous ne le dirons pas à l’égard d’un exilé trop célèbre, qui semble aujourd’hui se lasser de l’oubli où il est tombé, et chercher, sous un masque hypocrite, les moyens de retrouver quelques débris d’une puissance à jamais perdue. Espartero vient d’adresser un manifeste au peuple espagnol. C’est l’apologie de ses actes. C’est une protestation contre l’arrêt qui l’a si justement frappé. L’ex-régent fait une tentative inutile. L’Espagne constitutionnelle n’a rien à lui offrir. Son rôle est fini.

Le Portugal présente depuis quelque temps un spectacle digne d’intérêt. Un jeune ministre, M. da Costa-Cabral, soutenu par sa fermeté et par de grands talens politiques, lutte avec succès contre des ennemis acharnés ; au nombre desquels est l’Angleterre Le gouvernement anglais lui demande le renouvellement de l’ancien traité de Methuen ; M. da Costa-Cabral se refuse a sacrifier les intérêts commerciaux de son pays. Quelle sera l’issue de ce combat inégal ? Jusqu’ici, le ministre portugais tient tête à l’orage. Il a une majorité assez forte dans les cortès, et il dispose de moyens puissans. Cependant, les forces soulevées contre lui sont menaçantes. Dans le sénat, M. Palmella lui fait une opposition dangereuse ; l’université, la magistrature, l’armée, qu’il a frappées par des décrets arbitraires, excitent l’opinion contre lui. Les finances de l’état sont épuisées, le déficit est énorme, le trésor est à bout d’expédiens. Pour sortir de cette crise, quelques partisans du ministre lui conseillent de changer le système du gouvernement, de révoquer toutes ses mesures arbitraires, de fonder un régime franchement constitutionnel. M. da Costa-Cabral.voudra-t-il se prêter à cette combinaison ? Il exerce en ce moment une sorte de dictature ; voudra-t-il l’abdiquer ?

Les ratifications du traité signe le 1er septembre, entre la Prusse et la Belgique, n’ont pas encore été formellement échangées mais on peut considérer comme désormais aplanies les difficultés qui avaient retardé la conclusion définitive de l’arrangement. Le ministre prussien à Bruxelles en est tellement convaincu, qu’il à provoqué et qu’il a même déterminé, malgré la