Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/556

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


1er novembre 1844.


On commence à parler de la session prochaine. Plusieurs membres des deux chambres sont déjà de retour dans la capitale. Les salons politiques vont bientôt se rouvrir. Paris va reprendre cette physionomie animée que lui donnent les discussions du parlement, jointes au mouvement des affaires et à la vie bruyante de ce qu’on appelle le monde. On se demande dès à présent quelle sera l’attitude des hommes que les diverses fractions parlementaires regardent comme leurs chefs ; on se demande surtout quelle sera la conduite de plusieurs membres éminens des deux chambres, appartenant aux rangs conservateurs ou à la nuance modérée du centre gauche, et connus pour avoir désapprouvé jusqu’ici la politique du cabinet. Quel sera leur rôle ? Resteront-ils isolés ? s’éloigneront-ils de la tribune ? La crainte de passer pour impatiens, après quatre années de silence ou de neutralité généreuse, les tiendra-t-elle écartés de la lutte ? ou bien croiront-ils que le moment est venu d’exprimer leurs convictions devant le pays, et de montrer à la majorité une alliance sincère entre des opinions communes, alliance que le parti conservateur souhaite vivement, car elle est son seul refuge contre une politique qui n’est pas la sienne, et qu’il n’aurait pas laissée vivre depuis quatre ans, si le cabinet du 29 octobre n’avait eu la singulière fortune d’être protégé par les scrupules même ou les hésitations de ses plus redoutables adversaires ?

D’ici à fort peu de jours, on saura à quoi s’en tenir sur ces graves questions. Nous ne voulons rien préjuger à cet égard quant au moment ; nous craindrions de gêner, par des paroles prématurées ou indiscrètes, la liberté des hommes dont nous parlons. Laissons-les prendre conseil de leur patriotisme et de leurs lumières. Nous savons que leurs intentions sont excellentes ; espérons qu’elles amèneront un résultat désiré par le pays.

Si nous sommes assez rassurés sur ce point, il n’en est pas de même du