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sous la désignation générale de Tracts for the Times eurent un vaste retentissement et une prompte influence. Au milieu des controverses qui éclatèrent autour d’elles, l’esprit qui les avait inspirées se répandit qui éclatèrent autour d’elles, l’esprit qui les avait inspirées se répandit avec ardeur dans l’élite de la jeunesse des universités, dans le jeune clergé, dans les classes élevées d’Angleterre. D’ailleurs, le sillon, une fois ouvert, a été vivement et largement labouré. La religieuse ferveur inspirée par la vieille foi a appelé de pieuses investigations vers les plus anciens monumens du christianisme. Les écrits des premiers théologiens de l’église anglicane, où l’on retrouve plus vivant l’esprit du catholicisme, à mesure qu’on remonte plus près de l’époque du schisme d’Henri VIII, ont été réimprimés et répandus avec profusion. On a donné des éditions des œuvres des anciens pères de l’église ; en ce moment même, on publie des vies des saints appartenant à l’époque où l’Angleterre était en communion avec Rome, et écrites dans les sentimens des siècles les plus croyans. Ainsi ont été promptement ramenées dans l’église d’Angleterre la sève, la chaleur et la force morale qu’elle avait perdues. Le mouvement d’Oxford l’a replacée dans la position ferme et assurée d’où les sectes dissidentes l’avaient peu à peu refoulée. La cause de l’église n’a pas seule profité à cette renaissance ; celle des intérêts conservateurs a retiré d’incontestables avantages de la restauration morale qui relevait et fortifiait la partie la plus menacée de la voûte antique du church and state. N’en voit-on pas un symptôme remarquable chez les jeunes hommes qui depuis quelques années sont entrés avec distinction dans la vie politique ? ils ont pris position dans le parti conservateur, en même temps qu’ils se rangeaient du côté des idées d’Oxford, et il semble que pour eux le mot de Southey redevienne aussi vrai qu’il l’ait jamais été : « Qui n’est pas dévoué à l’église n’est que la moitié d’un Anglais. »

Parmi les livres qu’ont fait éclore ces nobles controverses, il en est peu où se montre mieux que dans les poésies de lord John Mannes l’influence qu’elles ont exercée. Le poème principal du volume de lord John, l’Espoir de l’Angleterre, n’est, je le répète, qu’une manifestation en faveur de l’église. Un lecteur français trouverait assurément quelque chose d’imprévu, quelque chose d’étrange dans les effusions que l’église inspire ainsi, à un prêtre, mais à un homme qui appartient à la première aristocratie du royaume-uni, à un jeune homme. Les quatre fragmens qui composent le poème de l’Espoir de l’Angleterre n’enferment pas dans. un cadre logique les pensées ou les sentimens auxquels l’auteur s’abandonne. Il est évident néanmoins que l’attachement enthousiaste de lord John Manners