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Enfin, si, pour dernière ressource, nous nous adressons aux historiens qui ont traité, non plus de Noyon ou du Noyonnais en particulier, mais de la Picardie, et notamment des villes, monastères et églises situés aux environs de Noyon, dans l’espoir d’y découvrir par aventure quelques révélations au sujet de notre église, nous ne tardons pas à reconnaître combien cette espérance est vaine. Il n’y a rien à attendre ni de Guibert de Nogent-sous-Coucy, ni d’Herman, le moine de Saint-Vincent de Laon. Leurs écrits sont pleins de détails sur l’établissement tumultueux de la commune de Laon, sur l’incendie de cette ville, sur la restauration de sa cathédrale, mais ni l’un ni l’autre ne disent un mot de cette église de Noyon dont ils étaient cependant si voisins.

Un tel silence ne doit pas nous étonner. Ce qui est rare, ce qui est merveilleux, c’est une église que ses contemporains aient regardé bâtir et sur laquelle ils aient bien voulu nous laisser des notions exactes et précises. Ces chroniqueurs du moyen-âge, qui enregistrent tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent raconter qui ne nous font pas grace de l’anecdote la plus insignifiante, jamais ils n’ont rien à nous dire de ces monumens qui de toutes parts grandissaient autour d’eux, et que le respect, la piété, l’enthousiasme des populations, signalaient à leurs regards. Survient-il le moindre trouble dans la paix du cloître, les revenus de l’abbaye sont-ils menacés par un procès, ses privilèges