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pour la plupart dépasse cette somme. Si on les ajoute tous, le nombre des titulaires d’emplois sera porté à 1,009, et la somme totale à 17,666,000 francs. Sauf quelques comptables qui touchent des remises dont nous n’avons pas pu faire la répartition, quelques professeurs des facultés de Paris, dont le traitement éventuel est assez élevé, et quelques rares fonctionnaires qui cumulent plusieurs fonctions, cette liste comprend tous ceux qui touchent 10,000 francs et au-delà. C’est avec la somme de moins de 18 millions dont elle se compose que sont rémunérés les présidens des deux chambres, les ministres secrétaires d’état, le conseil d’état, la cour de cassation, la cour des comptes, tous les premiers présidens et procureurs-généraux des cours royales, le corps diplomatique et consulaire entier, tous les archevêques et évêques, tous les préfets, tous les chefs de l’administration, le conseil royal de l’instruction publique, et enfin tous les receveurs-généraux et particuliers, dont les émolumens sont proportionnés à l’importance des sommes qui passent par leurs mains. Cette somme se décompose de la manière suivante entre les divers grands services de l’état :


Présidens des deux chambres, ministres 11 960,000
Clergé 80 930,000
Magistrature 177 2,461,000
Instruction publique 8 80,000
Diplomatie 149 4,582,000
Préfets 87 1,735,000
Administrations centrales, etc. 120 1,677,000
Finances 377 5,241,000

On ne peut point accuser de prodigalité ces diverses allocations. Les traitemens les plus hauts sont réglés d’après les charges coûteuses qu’imposent les emplois, nous en avons déjà parlé ; les autres, d’après l’importance même de la fonction. Loin de trouver ces derniers trop élevés, plusieurs devraient, à notre avis, être augmentés. La plupart des fonctionnaires à qui ils reviennent auraient trouvé dans les professions libres, dans le barreau, dans les lettres, dans les applications de la science, dans l’industrie, des émolumens qui dépasseraient de beaucoup le salaire que l’état leur paie. S’il était permis de comparer aux services publics les entreprises particulières, les grandes sociétés industrielles, les maisons de banque, on y verrait des emplois analogues et très inférieurs obtenir des traitemens plus forts. Un exemple montrera cette différence d’une manière frappante : le gouverneur de la banque de France a 60,000 francs par an, et les directeurs-généraux des régies financières, qui dirigent un personnel immense et président à l’emploi de sommes considérables, n’ont que 20,000 francs.