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pensaient que l’aumône de Maynooth fit oublier le rappel, et il insista sur la nécessité d’exclure de la chambre les meilleurs patriotes aux prochaines élections, s’ils ne se prononçaient pas en faveur du rappel. Il annonça en outre que, soutenu par l’approbation des évêques, il irait à Londres combattre le bill athée. En même temps le fameux archevêque de Tuam adressait à sir Robert Peel, au sujet des collèges, une lettre des plus injurieuses. « Monsieur, lui disait-il, le plan d’éducation impie, servile, démoralisateur, que vous n’avez pas honte d’offrir au peuple fidèle d’Irlande, prouve que nous devons être plus inquiets pour la foi et pour les libertés du pays aux époques de cajolerie politique qu’à celles de persécution déclarée. » Tout cela, joint à la mauvaise humeur des tories, au désir assez naturel des whigs de prendre leur revanche, promettait à sir Robert Peel une discussion difficile, et peut-être une nouvelle crise.

Tout cela pourtant s’évanouit comme par enchantement, grace à quelques amendemens heureusement conçus. Dans un premier débat, sir James Graham expliqua les détails du bill et demanda un vote de 21,000 liv. st. pour leur entretien. Là-dessus, M. John O’Connell ayant dit qu’il fallait avoir le temps de connaître le dernier mot des évêques, M. Hume lui répondit assez brutalement que les évêques n’avaient point à se mêler de la question, et la grande majorité parut approuver M. Hume. Quant au gouvernement, il fut plus poli, mais tout aussi explicite, et réduisit aux points suivans les concessions qu’il pouvait faire. 1° Tout en se réservant la première nomination des professeurs, il consentait à ce qu’il fût inséré dans le bill une clause qui permît d’adopter un autre système en 1848, au moment où les collèges se réuniraient pour former une université ; 2° il consentait à ce qu’une licence annuelle fût exigée de ceux qui recevraient les élèves à titre de pensionnaires ; 3° il consentait enfin à ce qu’un secours pécuniaire fût accordé pour la fondation de lieux de réunion (halls) où l’instruction religieuse pourrait être donnée, et qui seraient inspectés, par les ministres des différens cultes. Il refusait positivement d’établir un test religieux quelconque, et de payer directement des chapelains catholiques.

C’est sur le projet ainsi modifié que le débat s’engagea. Lord Mahon proposa un amendement à l’effet de joindre l’instruction religieuse à l’instruction laïque, et cet amendement, combattu par M. Mimes, par Sir James Graham, par sir Robert Peel, eut pour défenseur obligé M. Wyse. M. Wyse, homme très libéral, très éclairé, mais point partisan du rappel, se plaignit à cette occasion qu’à Conciliation-Hall