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M. John O’Connell lui eût reproché d’être rieniste (anythingarian) plutôt que catholique. M. John O’Connell répondit aussitôt que M. Wyse, étant sur le bill actuel d’un autre avis que les évêques, n’avait qu’une seule voie d’appel, l’appel à Rome, et qu’il ne pouvait, sans cesser d’être catholique, se mettre en rébellion ouverte avec ses pasteurs religieux. On comprend quel parti les ministres tirèrent d’une si singulière déclaration. L’incident vidé, O’Connell prit la parole, et, dans un discours simple, éloquent, modéré, motiva en peu de mots son opposition au projet. Il agrandit d’ailleurs le débat en le portant sur l’ensemble des maux de l’Irlande et sur les désordres dont plusieurs comtés étaient en ce moment même le théâtre déplorable. En définitive, l’amendement de lord Mahon réunit 49 voix seulement contre 189, et un autre amendement de lord John Russell, qui imposait à l’état l’obligation de faire tous les fonds suffisans pour l’instruction religieuse, 47 voix contre 117. Peu de jours après, sir Thomas Acland, ayant proposé un test chrétien un peu vague, fut combattu par sir James Graham et par M. Gladstone, qui firent rejeter sa motion à 105 voix contre 36. Enfin M. Osborne renouvela la demande d’une enquête sur les revenus de Trinity-College, qui, selon lui, montaient à 50,000 liv. st., et M. Sheil, à cette occasion, exprima son opinion sur le bill tout entier. Il préférait l’instruction mixte à l’instruction séparée ; mais il voulait que l’état payât l’instruction religieuse aussi bien catholique que protestante. Il voulait en outre que Trinity-Collège rentrât dans la catégorie générale. Sir Robert Peel défendit Trinity-College comme une fondation particulière, et, sur la question des collèges nouveaux, démontra que dans le système du bill il y avait entre les divers cultes égalité véritable. L’amendement en conséquence fut rejeté par 161 voix contre 91, et le bill adopté par 177 contre 26. Aux lords, malgré bon nombre de pétitions venues des deux pôles opposés, il passa sans discussion et sans division. Tel fut le sort du projet gigantesque d’éducation athée selon sir Robert Inglis, du bill immoral, impie et démoralisateur selon M. O’Connell.

Au même moment à peu près, lord Stanley présentait aux lords un bill sur les fermiers irlandais, qui, bien accueilli d’abord, devait avoir une tout autre destinée. En vertu de ce bill, rédigé après le rapport de la commission d’enquête dont lord Devon était président, le fermier qui faisait certaines dépenses d’amélioration avait droit, de la part du propriétaire, à une compensation, laquelle diminuait graduellement par chaque année de jouissance. En cas de contestation, il appartenait à un commissaire nommé par le gouvernement de décider