Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’on peut opérer des économies, ou bien par le perfectionnement d’une organisation dont les rouages multipliés arrêtent l’activité et le mouvement sans offrir des garanties suffisantes ? La question de l’effectif à conserver en Afrique est-elle dans le chiffre du budget ou dans les expéditions, qui, comme celle de la Kabylie et celles poussées trop avant vers le sud, nous affaiblissent en augmentant les dépenses ? La prétendue réforme du département de la marine a respecté la plus grande partie des abus et toutes les superfluités de cette administration on s’est contenté d’ajouter des rouages nouveaux et onéreux à une vieille machine déjà surchargée, tandis que, par la simplification, on aurait évidemment atteint un but meilleur, opéré des économies produit davantage.

Pour la marine seulement, un ministre habile et possédant cette qualité si rare, la volonté, obtiendrait une atténuation de 15 à 20 millions, sans que la force essentielle de notre établissement naval fût atteinte. Également, la dépense totale des colonies a doublé depuis quinze ans ; osez dire qu’il n’y a pas moyen de diminuer les dépenses. Taïti nous a déjà coûté, directement ou indirectement, 27 millions, le quadruple des dépenses occasionnées à l’Angleterre par la possession de la Nouvelle-Zélande ; 3,700,000 francs ont été votés pour l’instruction des esclaves, et les comptes-rendus officiels prouvent que douze enfans seulement ont été menés aux écoles gratuites. Une meilleure direction imprimée aux agens, une seule dépêche, aurait infiniment mieux servi l’humanité que cette dépense de 3,700,000 francs.

En examinant un à un le budget de chaque département ministériel, on trouverait des faits analogues. Ceux-là suffisent pour démontrer ces deux vérités, à savoir que des économies sont possibles sur le budget ordinaire, et qu’exiger pour les réaliser que l’on produise le tableau des retranchemens à effectuer au budget, c’est tout simplement montrer qu’on ne veut pas améliorer la situation ; d’ailleurs, il n’est pas de plans de réductions sur le chiffre du budget qui puissent être séduisans en eux-mêmes ; ces plans exigeront toujours des sacrifices pénibles, heurteront des sentimens ou des intérêts, et produire inconsidérément ses idées personnelles serait grossir le nombre des adversaires de la bonne conduite et aller contre son but. Le vrai et le seul moyen de défendre la cause de l’équilibre, c’est de constater le déficit et d’en montrer les dangers. Il est certes temps encore de les conjurer ; nos embarras proviennent, non de l’appauvrissement des recettes, mais de dépenses exagérées, non de ces événemens que ne saurait diriger la prudence humaine, mais de fautes administratives. On doit craindre surtout pour l’avenir l’effet des mêmes causes qui ont agi dans le passé. Le péril est bien plus dans l’état des esprits que dans l’état des