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DONIZETTI


ET


L'ECOLE ITALIENNE DEPUIS ROSSINI.




L’art musical et l’Italie ont fait, il y a trois mois, une perte douloureuse : Donizetti est mort à Bergame. L’auteur d’Anna Bolena, de Lucia di Lamermoor, de la Favorite, de l’Elessire d’amore, de Don Pasquale et de tant d’autres partitions légères et charmantes qui ont été traduites dans toutes les langues et chantées sur tous les théâtres de l’Europe, s’est endormi épuisé par le travail, consumé par la fièvre des poètes, et peut-être aussi par l’ahus des plaisirs, dans la force de l’âge et dans la plénitude de son talent.

Donizetti appartient à cette génération de compositeurs dramatiques qui s’est emparée de la scène italienne depuis que Rossini a imposé silence à son génie. Le chantre de Lucie, Bellini, Meicadante, Pacini et M. Verdi forment un groupe de talens distingués et divers qui se sont partagé l’attention publique depuis le jour où le maître de Pesaro jeta dédaigneusement la plume avec laquelle il venait d’écrire son dernier et sublime chef-d’œuvre, Guillaume Tell. Quelle est la nature du mouvement musical qui s’est accompli en Italie pendant ces dix-neuf dernières années ? Quelle est la portée de l’œuvre de Donizetti, par quel caractère se distingue-t-il de ses émules, et quelle place doit-il occuper dans l’histoire de l’art ? Telles sont les différentes questions que nous allons essayer de résoudre.