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ducs de Bade, de Hesse, de Hesse-Darmstadt, sont venus en personne complimenter l’élu et lui promettre leur concours ; toutes ces démonstrations sont regardées comme une victoire, et l’assemblée croit n’avoir plus qu’à donner des ordres pour que l’unité complète soit établie. C’est ainsi que, dès le début du nouveau pouvoir et avant même d’avoir commencé la constitution, elle va créer au vicaire de l’empire des embarras inextricables. Pendant les mois de juillet et d’août, il semblera que le parlement ait l’intention de mettre le feu aux quatre coins du pays. Persuadé que l’unité existe, persuadé qu’il parle au nom de cette unité puissante et véritablement enivré de sa dictature, il voudra terminer les plus graves affaires en notifiant sa volonté souveraine. Point de négociations, point de diplomatie ; l’Allemagne parle, c’est assez. Rien n’arrêtera cette assemblée infatuée d’elle-même, ni la guerre extérieure, ni la guerre civile, ni les dangers du dedans, ni les difficultés du dehors ; elle menacera la Hollande et le Hanovre, elle outragera le Danemark et la Pologne, elle s’aliénera l’Autriche et inquiétera la Prusse ; enfin, dans cette ardeur insensée qui l’emporte et qu’elle communique autour d’elle, elle ne se réveillera qu’en face de la réalité la plus sinistre, sous les coups de l’émeute et de l’assassinat.


IV

Le 15 juillet, avant de repartir pour Vienne, le vicaire de l’empire, n’ayant pas eu le temps d’organiser tout un ministère, fit savoir à l’assemblée par un message qu’il avait nommé provisoirement trois ministres chargés de l’expédition des affaires courantes. C’étaient M. le chevalier de Schmerling pour l’intérieur et les relations étrangères, M. Heckscher pour la justice, et M. de Peucker pour la guerre. Le 9 août, le ministère fut définitivement constitué comme il suit : M. le prince Charles de Leinigen, président du conseil des ministres ; M. Heckscher, ministre des affaires étrangères ; M. de Peucker, ministre de la guerre ; M. de Schmerling, ministre de l’intérieur ; M. de Beckerath, ministre des finances ; M. Robert Mohl, ministre de la justice ; M. Arnole Dücwitz, ministre du commerce. Le vicaire appelait en même temps au poste de sous-secrétaires d’état MM. Max de Gagern et Max-Louis de Biegeleben pour les affaires étrangères, Charles Mathy pour les finances. Frédéric Bassermann et Joseph de Würth pour l’intérieur, Widenmann pour la justice, Gustave Mevissen et Jean Fallati pour le commerce.

Les hommes importans de ce cabinet étaient M. de Schmerling. M. de Peucker, M. Heckscher et M. de Beckerath. Les deux premiers, très honorablement connus à Vienne et à Berlin, n’avaient pas encore eu l’occasion d’asseoir leur renommée dans le pays. M. Heckscher commençait à attirer l’attention par le rôle qu’il avait rempli à l’assemblée