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des notables et dans les débuts du parlement. Quant à M. de Beckerath, ce n’était un inconnu pour personne depuis les belles luttes de la chambre des députés i de Berlin en 1847. — M. le chevalier Antoine de Schmerling est né à Vienne en 1808. Il étudia le droit avec succès, devint un jurisconsulte exercé, et, nommé à un poste administratif dans une province de la Basse-Autriche, il y soutint une lutte très vive contre les entraves et les routines de la bureaucratie : c’était la seule opposition possible sous le gouvernement de M. de Metternich. L’opposition de M. de Schmerling se montra toujours sérieuse, et fut parfaitement justifiée par les effets. La Basse-Autriche doit à son intelligente activité d’utiles réformes accomplies sans fracas : des établissemens de crédit, des diminutions de charges, l’affranchissement des communes sur bien des points importans, telles furent les principales conquêtes de l’habile et opiniâtre administrateur. Au moment où la révolution de 1848 éclata, M. de Schmerling était l’une des lumières du parti libéral. Le 13 mars, il entra l’un des premiers dans le palais impérial, essayant à la fois de guider et de contenir la révolution ; ce fut lui qui, le soir de ce même jour, décida M. de Metternich à prendre la fuite. Après les journées de mars, il organisa la garde nationale, et se rendit à Francfort, au commencement d’avril, pour siéger à la diète. Il y remplaça M. le comte Colloredo, et fut, avec M. Welcker, le plus énergique soutien de ce pouvoir, attaqué chaque jour par le comité des cinquante. — M. Édouard de Peucker est né, en 1792, à Schmiedeberg, petite ville de la Silésie. Il entra au service en 1809 ; nommé officier deux ans après, il se distingua dans les guerres de 1812 et de 1813. Depuis 1915, il n’a pas cessé de remplir des fonctions importantes à Berlin, auprès du ministre de la guerre ; il fut chargé, en 1822, de la direction supérieure de l’artillerie et des fortifications ; personne, en un mot, n’a mieux contribué que lui à l’organisation des forces militaires de la Prusse. — M. Jules Heckscher est né à Hambourg, vers la fin du siècle dernier, d’un riche banquier israélite converti au christianisme : c’est un esprit énergique et ardent. Doué d’un remarquable talent de parole et profondément initié à la science du droit, M. Heckscher a suivi la carrière du barreau. Si la rudesse de sa nature lui fut assez long-temps nuisible, la supériorité de son talent triompha cependant des obstacles, et, en 1848, M. Heckscher pouvait être cité comme l’un des grands avocats de l’Allemagne du nord. — J’ai déjà dit quelle est la valeur de M. de Beckerath, j’ai déjà signalé la rare distinction de cet esprit, qui sait se mouvoir avec tant d’aisance au milieu des plus laborieuses affaires, sans rien perdre de l’élévation de sa pensée et de la brillante facilité de sa parole. Tels sont les hommes que l’archiduc Jean associait à son pouvoir, et dont nous devrons juger les œuvres.