rentrez chez vous. Ceux qui sont pressés repasseront la semaine prochaine. Adieu, mes amis. Bien des choses à vos épouses, et vive la sociale ! (On entend des éclats de rire dans le cabinet.)
Général, écoutez-moi.
Veux-tu me faire le plaisir de te taire et de filer ?
On a pillé ma boutique.
Voilà quelque chose de rare.
Ce sont vos soldats qui ont commis ce crime.
C’est que tu es un mauvais citoyen. Hors d’ici, ou je te fais empoigner !
J’obtiendrai justice.
Tu vas obtenir une raclée.
Il m’est dû plus de deux mille francs.
Qu’on solde monsieur tout de suite. Je règle son compte à cinquante coups de savate. Enlevez le bourgeois !
C’est lui, je reconnais la physionomie et la voix de son père. Ô mon fils !
Ma vieille, le tour est connu. Voilà déjà une douzaine d’ex je ne sais quoi qui prétendent m’avoir donné le jour. Je conçois qu’on se flatte d’être ma mère ; mais jamais je n’ai pu avoir tant de mères que ça. Trop est trop. Je te renie, quand même tu serais la vraie. (Les rires continuent.)
J’en mourrai !
Ne te gêne pas ; mais va mourir dehors. Que tout le monde sorte, et vite ! Laissez-moi m’occuper des affaires de l’état. (On se retire. Un vieillard reste.) Eh bien ! l’ancien, ne m’as-tu pas entendu ?
J’ai quarante-cinq ans de service, j’ai été blessé vingt fois, j’ai assisté à trente batailles, et j’en ai gagné deux : j’étais lieutenant-général.
Sans vouloir t’offenser, mon vieux, j’en ai démoli qui te valaient bien.
Plusieurs valaient mieux que moi. Je ne viens pas disputer de ton mérite et du mien. Je viens t’adresser une prière. Mon fils est en prison…