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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE.

GALUCHET.

Tu es l’ex-général Hermann ? Ton fils m’a insulté ; tu ne le verras pas.

LE VIEILLARD.

Je te demande pardon pour lui.

GALUCHET.

Je ne pardonne rien à personne. Va-t’en.

LIBERIA.

Fais-lui grâce, à ce bonhomme ; laisse-lui voir son fils.

GALUCHET.

Non.

LIBERIA.

Je t’en prie, je le veux, accorde-lui cela pour l’amour de moi.

GALUCHET.

Il faut que je t’aime ! {Au général.) Eh bien ! tu verras ton fils. (À un de ses hommes.) Fais-lui donner un laissez-passer.

LE VIEILLARD.

Merci.

GALUCHET.

Ce n’est pas moi qui te fais cette grâce : c’est Libéria. Remercie-la.

LE VIEILLARD, avec effort.

Madame, je vous remercie. (Il se retire.)

GALUCHET, à Libéria

Ne me fais plus faire du sentiment, ça m’embête. Tous ces gueux d’aristos ne valent pas une parole de ta bouche. Celui-ci, que tu viens d’obliger, te méprise.

LIBERIA.

J’ai voulu juger de mon pouvoir sur toi ; je me moque du reste.

GALUCHET.

Fée ! comme tu m’ensorcelles !… Ah çà, causons politique. Eh ! les autres ! venez ici ! (Entrent Chenu, Griffard et Rheto.) Je n’ai pas besoin de toi, Rheto ; retourne à ta besogne, et ficelle-moi ça proprement. (Rheto se retire.)

CHENU.

Il est un peu vexé, l’ami Rheto.

GALUCHET.

Ça m’amuse. Je n’ai pas eu d’autre idée en le prenant pour secrétaire. Il voulait être ministre, et il se rappelle le temps où je vendais sa Lanterne dans les rues. Il est complètement coulé. — Dites-moi, mes amis, comment trouvez-vous que vont les choses ?

CHENU.

Pas bien. La réaction relève la tête.

LIBERIA.

Il me semble que le consul passe du côté des bourgeois.

GRIFFARD.

La chose devient visible.

CHENU.

Le peuple murmure. Il dit que la révolution ne marche point, et que le Vengeur s’endort.