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être voir un gouvernement qui empruntera quelque chose à ces gouvernemens passés, et puisse cet emprunt être fait aux bonnes qualités des régimes déchus, et non pas aux mauvais ! Mais, au lieu de nous préoccuper si vivement et si gratuitement de la forme et du nom des gouvernemens à venir, ne serait-il pas plus sage, — et c’est ici encore que nous louons de grand cœur l’allocution du président à l’Hôtel-de-Ville, — ne serait-il pas plus sage de songer à la société ? Oui, le président de la république a bien raison : il est plus important de reconstruire le pouvoir en France, d’en établir le respect et l’ascendant, que de savoir le nom que portera le pouvoir et de quelle famille sortira le chef de l’état. Les questions de formes ou de dynasties sont des questions contentieuses et vaines ; elles ne font rien pour la sécurité de la société. Elles agitent au contraire et divisent les esprits. Pourquoi donc s’en occuper ? Vous voulez savoir à toute force par qui vous serez gouvernés, j’aime mieux savoir comment. J’aime mieux savoir si l’ordre social doit, par le fait même de nos institutions, être tous les trois ans en question, si tous les trois ans il est bon que se fasse l’expérience si je ne pourrais pas marcher un peu la tête en bas et les pieds en haut, attendu qu’il y en a déjà trois que je marche selon l’ancien système, et que cela m’ennuie, comme le disait M. de Lamartine sous la monarchie de juillet. Le moindre essai fait pour donner à notre société plus de stabilité et de suite nous paraît plus utile et plus efficace que tous les rêves de monarchie ou d’empire qui traversent les cerveaux malades de notre temps.

Nous avons dit que la protestation du président contre l’idée de copier mesquinement le passé nous paraissait non-seulement sage, mais pleine d’à-propos. En écrivant ce dernier mot, nous pensions aux propos qui se répandent depuis quelques jours sur l’union accomplie, dit-on, entre les deux branches de la maison de Bourbon. Ce n’est pas la première fois qu’on parle de cette union. Depuis un an, il en est beaucoup question, et nous n’en sommes pas étonnés. Les orléanistes et les légitimistes croient également que la monarchie est le régime qui convient le mieux à la France. Les bonapartistes, au surplus, ont la même croyance. Seulement les trois partis n’ont pas le même candidat ; mais entre le candidat des légitimistes et le candidat des orléanistes il y a des liens de famille et des habitudes de confraternité princière, qui rendent l’alliance entre les deux branches et les deux partis plus possible qu’entre le parti légitimiste par exemple et le parti bonapartiste. Nous ne sommes donc pas surpris que l’idée d’une union entre les deux branches de la maison de Bourbon se soit présentée à tous les esprits. Il y a plus, nous n’avons jamais douté que l’union n’existât d’instinct, sinon de fait, et nous avons toujours été persuadés que, si les événemens ramenaient en France sur le trône l’une ou l’autre branche de la maison de Bourbon, la branche sujette ne ferai pas la guerre à la branche régnante, et que nous ne verrions pas recommencer le divorce des dix-huit ans ; mais en même temps nous nous demandons si ce qui est une difficulté de moins pour le lendemain est une force de plus pour la veille, et, pour dire toute notre pensée, les événemens, s’ils arrivent, feront l’union, nous n’en doutons pas, mais l’union ne fera pas les événemens.

Expliquons le ce sujet ce que nous pensons ; nous dirons ensuite ce que nous croyons savoir sur ces bruits renouvelés de l’union des deux branches.

À entendre raisonner certaines personnes, on croirait que c’est le schisme