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le partage de la pologne.

comptes-rendus, des pamphlets accusent, ceux-ci les Czartoriski, ceux-là les Radziwil et le grand-général, d’autres les Russes Pour comble de désordre, une déclaration publique de la France et de l’Autriche tombe au milieu des deux camps, rallume les passions avec une nouvelle fureur, et ne laisse plus aux partis ni l’espoir, ni le désir, ni la possibilité d’une réconciliation.

La note française était conçue en ces termes :


« La vacance du trône étant l’événement le plus important qui puisse arriver dans un royaume électif, sa majesté, ne voulant pas qu’il puisse y avoir le moindre doute sur la pureté de ses intentions, et ne craignant pas de mettre au grand jour ses vrais sentimens, a cru devoir les manifester par une déclaration formelle et authentique.

« Le roi déclare donc de la manière la plus précise et la plus solennelle qu’il ne considère dans cette occasion que les avantages de la république ; qu’il ne forme d’autre vœu et n’a d’autre désir que de voir la nation polonaise maintenue dans tous ses droits, dans toutes ses possessions, dans toutes ses libertés, et spécialement dans la plus précieuse de ses prérogatives, celle de se donner un roi par une élection libre et un choix volontaire ; qu’animé de ces sentimens et d’un véritable intérêt pour une nation ancienne alliée de sa couronne, il remplira à son égard tout ce que peuvent exiger de lui la justice, les traités et les nœuds mutuels de l’amitié ; qu’enfin il l’assistera par tous les moyens qui seront en son pouvoir, si contre toute attente elle était troublée dans l’exercice de ses droits légitimes, et qu’elle peut compter sur ses secours et les requérir en toute assurance, si les privilèges de la nation polonaise étaient violés. Mais sa majesté a lieu de croire qu’un pareil cas ne saurait exister, puisque les puissances voisines ont également déclaré de la manière la plus solennelle qu’elles étaient constamment résolues de maintenir la république dans son état actuel, ses lois, ses libertés, ainsi que dans ses possessions, et qu’elles ne souffriraient pas qu’elle éprouvât aucun préjudice de la part de qui que ce soit, et que ses libertés fussent gênées par les cours étrangères. Des déclarations si précises, si uniformes et si équitables annoncent clairement à la nation polonaise qu’elle peut user de ses droits dans toute son étendue, et qu’elle n’a pas à craindre de voir ses libertés et son territoire violés par l’introduction d’aucune troupe étrangère. À l’égard des différens candidats qui peuvent aspirer au trône de Pologne, sa majesté n’en recommande et n’en indique aucun ; elle est encore plus éloignée de donner des exclusions, puisque ce serait agir contre ses principes et attenter à la liberté des Polonais, et même elle s’abstiendra de donner des conseils sur une matière aussi délicate, étant bien persuadée que la république est trop éclairée sur ses vrais intérêts pour ne pas préférer le candidat qui sera le plus digne et le plus en état de la gouverner avec justice et avec éclat. La Pologne compte de grands hommes parmi les rois Piasts ; plusieurs maisons souveraines lui en ont fourni d’aussi célèbres par leurs actions qu’illustres par leur naissance ; c’est à la nation elle-même de déterminer son choix en consultant sa propre convenance, sans égard à des influences étrangères. Sa majesté dé-