Non, non ! je suis perdu ! (Il joue.)
Pour cette fois, oui, vous êtes perdu… Tenez ! je vous en laisse deux pour graine.
Vous avez gagné… attendez cependant… ne pourrais-je pas, en mettant là ?… Non, non, vous avez gagné ; — j’ai perdu…
Par conséquent, Voulez-vous votre revanche ?
Non, je vous remercie. Vous voyez que je joue ce soir comme une carpe. Je suis en disposition malheureuse. (Il tousse.) J’aurai eu froid en venant.
Prenez mon chauffe-pied.
Le feu me suffit. Je vous suis obligé ! Hem ! (Un silence.)
Est-ce qu’elle est gravement malade, Jeanne Nicot ?
Elle va mourir un de ces matins. Bah ! c’est ce que les pauvres ont de mieux à faire… Hem ! hem ! (Mme d’Ermel se répond pas, et se met à tisonner. Jacobus reprend un moment après :) Et qu’est-ce que vous avez décidé pour votre banc, madame ?
J’ai ! décidé que je ne le ferais pas rembourrer, pour ne point causer de scandale. — C’est le conseil de mon curé.
Votre curé, que le scandale effarouche si fort quand il s’agit des aises d’autrui, réserve, pour sauvegarder les siennes, des maximes plus accommodantes. Ce serait sans doute une terrible pierre d’achoppement qu’un siège rembourré dans une église ! Mais que l’on voie, durant tout le cours de la sainte journée, M. l’abbé méditer sous les ombrages d’un parc, en tête à tête avec sa paroissienne, comme un berger antique, cela n’est rien ; on jasera, on en causera, c’est vrai… mais, après tout, l’église a ses privilèges, et honni soit qui mal y pense !
Ah ! voilà du nouveau, cela ! Et quand je passerais la nuit dans mon parc avec mon curé, au lieu du jour, quel mal me feriez-vous la grâce d’y voir ?
Eh ! madame, un curé est un homme après tout, et celui-ci est un jeune homme, qui pis est.
Il est vrai qu’il n’a pas encore la soixantaine, quoiqu’il en approche beaucoup, mais, par compensation, je l’ai dépassée, moi, et entre deux per-
