Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/719

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en bois ; dans la plaine de Pergame, il n’y a que les propriétaires riches qui, pour ménager les forces productives du sol, ensemencent à tour de rôle leur terrain de blé, de pois ou bien de coton ; les petits cultivateurs, au contraire, récoltent annuellement et sans intermission les mêmes céréales sur le même terrain, sans que le sol manifeste jamais le moindre symptôme d’épuisement. On a vu que les deux vallées du Méandre et du Caïcus fournissent à elles seules un montant annuel de 800,000 kilos turcs ou 12 millions de kilogrammes de grains destinés à l’exportation pour l’Europe, ce qui suppose le double pour le total de la production annuelle, c’est-à-dire environ 24 millions de kilogrammes. En admettant que les terres cultivées dans les deux vallées ne représentent que la moitié de la surface qui aurait pu être livrée à l’agriculture, le minimum du montant annuel serait de 48 millions de kilogrammes de grains, et, si nous y ajoutons la même proportion pour les deux autres vallées (celles de l’Hermus et du Caïstre), nous aurons 96 millions de kilogrammes. Maintenant, si on ajoute à ce chiffre la production annuelle des deux provinces de Tchorum et d’Amasia, on est en droit d’affirmer que les quatre vallées du Méandre, du Caïstre, de l’Hermus et du Caïcus, ainsi que les deux provinces de Tchorum et d’Amasia, produisent à elles seules, sans aucun recours aux nouveaux procédés de la science agricole, plus de 144 millions de kilogrammes de grains par an. Or, les parties de la région montagneuse qui fournissent ce montant très considérable ne forment qu’un très petit canton dans la vaste péninsule de l’Asie Mineure, dont le produit total devrait être estimé au moins dix fois autant, et, en n’admettant qu’une évaluation très faible, on ne s’éloignerait pas beaucoup de la vérité en estimant la production annuelle de toute l’Asie Mineure à 400 millions de kilogrammes de grains, dont au moins un quart (ou 100 millions de kilogrammes) est exporté en Europe. Si l’on évalue le kilogramme de grains à 3 piastres seulement (5 piastres par kilo turc), cette production annuelle représenterait à peu près une somme de 100 millions de francs et le montant de l’exportation plus de 25 millions de francs.

Les céréales ne sont pas le seul produit important de la région montagneuse ; l’huile d’olive, le tabac, le bois de construction et la vallonnée y figurent encore parmi les richesses du sol. La culture de l’olivier n’est pas moins favorisée par le climat de cette région que la culture des céréales. Quant au bois de construction, l’Asie Mineure ne sait pas assez qu’il y a là pour elle une branche d’exploitation considérable. Les côtes de l’Asie Mineure, les côtes méridionales surtout, présentent de superbes forêts de pins, qui pourraient donner non-seulement de nombreux matériaux de construction, mais aussi d’excellens bois de mâture. Plusieurs régions de l’intérieur offrent également de grandes richesses