mais il y a des traditions fâcheuses, des procédés qui tiennent un peu de l’empirisme ; point d’unité, rien de fixe ni de stable, et c’est en quoi la situation des finances turques mérite dès aujourd’hui toute l’attention du divan.
En temps ordinaire, le gouvernement n’aurait point à s’inquiéter de ses revenus, qui pourraient balancer les dépenses. Malheureusement il suffit que la moisson ait trompé les espérances des cultivateurs, il suffit que le produit des denrées soit diminué par quelque mauvaise influence du climat, pour que le budget turc se solde en déficit. Ou bien il sera survenu quelque incident diplomatique de nature à déterminer des mesures de défense ; il aura fallu augmenter le contingent de l’armée, et cette fois encore les dépenses dépasseront infailliblement les recettes. Que serait-ce si, pour les besoins de la réforme, le gouvernement songeait à doter convenablement tous les services qui, comme celui de l’instruction publique, sont encore en souffrance ! Dans l’état actuel de la législation financière de l’empire, les revenus dépendent, on le voit, un peu des caprices du hasard ; ils n’ont point de base certaine. Ils pourraient toutefois s’accroître dans d’énormes proportions, sans gêner les peuples, par le seul effet d’une organisation intelligente. Un rapide examen du budget turc, dont jamais on n’a cherché à embrasser l’ensemble, ne laissera aucun doute, nous le croyons, sur l’importance des avantages que la réforme financière assurerait à l’empire.
Depuis quelques années, les revenus ordinaires de la Turquie ne dépassent point le chiffre de 750 millions de piastres, et ne restent pas au-dessous de 650 millions[1]. Pour expliquer cette variation, il suffit de dire que les principales sources du revenu sont les dîmes prélevées en nature, et les douanes. — Les dépenses, plus faciles à déterminer que les recettes, s’élèvent à 733,400,000 piastres. Les élémens d’un budget turc sont très différens de ceux d’un budget chez les peuples de l’Occident. On en jugera par le relevé des recettes et des dépenses qu’il est d’ailleurs curieux de comparer.
Les dépenses se décomposent de la manière suivante entre les divers services :
Liste civile du sultan | 75,000,000 p. |
Liste civile de la sultane-mère et des sœurs mariées du sultan | 8,400,000 |
Armée | 300,000,000 |
Marine | 3 7,500,000 |
Matériel de guerre, artillerie, génie, forteresses | 30,000,000 |
Traitement des employés dans tout l’empire et dans toutes les branches de l’administration | 195,000,000 |
Subvention à l’administration des vakoufs pour l’entretien des établissemens qui en dépendent | 12,500,000 |
Service des arrérages des rentes viagères (schims) | 6,000,000 |
Service de l’intérêt à 6 pour 100 des bons du trésor sans échéance fixe, nommés kaymes | 9,000,000 |
Rente viagère payée par le trésor en compensation des anciens fiefs (timars, ziamets, moukatas) aux propriétaires qu’il en a dépossédés | 40,000,000 |
- ↑ La piastre turque représente aujourd’hui 0,23 centimes environ.