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Affaires étrangères, ambassades, consulats 40,000,000
Dotation du trésor appelé kazinéi nafia, pour dépenses d’utilité publique, routes, pavage, encouragemens à l’agriculture, etc 10,000,000
Total 733,400,000 p.

Tel est l’ensemble des dépenses du gouvernement turc ; voici maintenant les sources diverses de son revenu :


Dîmes 220,000,000
Salian (income-taxe) 200,000,000
Haradje, impôt personnel sur les sujets non-musulmans 40,000,000
Douanes 86,000,000
Tribut de l’Égypte 30,000,000
Tribut de la Valachie 2,000,000
Tribut de la Moldavie 1,000,000
Tribut de la Servie 2,000,000
Impôts indirects, patentes timbré ; octrois, péages, revenus des mines et des postes 150,000,000
Total 731,000,000 p.

On connaît ainsi les élémens du budget et les ressources financières de la Turquie : quelles seraient les mesures à prendre pour développer ces ressources, pour établir ce budget sur une base stable et régulière ? Ces mesures se trouvent indiquées par la nature même des obstacles qu’il s’agit de vaincre, et qu’il nous reste à énumérer.

Parmi ces obstacles, il faut compter au premier rang l’existence des vakoufs. On appelle de ce nom tous les biens consacrés aux mosquées et aux fondations religieuses, soit qu’ils proviennent de legs pieux, soit qu’ils aient été confiés aux administrateurs des mosquées par les propriétaires en vertu d’une convention. Les propriétés libres prennent le nom de mulk. On le sait, le désir de contribuer à l’entretien des mosquées n’a pas été l’unique mobile de ces donations ou de ces fidéi-commis. Le but réel du propriétaire a été le plus souvent d’assurer une partie de sa fortune contre les caprices de la tyrannie. Les chances de la réversibilité au profit de la mosquée et la redevance annuelle que le dépositaire lui payait n’étaient pas considérées comme des primes trop fortes, lorsqu’il qu’il s’agissait d’éviter soit une confiscation, soit une vente forcée sur la licitation de créanciers impatiens. Quelle que soit la raison qui ait déterminé les propriétaires à mettre leurs terres aux mains de l’administration des vakoufs, cette administration est le propriétaire nominal des trois quarts des immeubles dans l’empire ottoman. Cependant on n’évalue pas à plus de 20 millions de piastres les revenus annuels de l’administration des vakoufs. Il y a un fait plus étrange : le budget de l’état est obligé de lui fournir 12,500,000 piastres pour l’entretien des mosquées et des établissemens de charité. Cette contradiction apparente s’explique par la modicité des redevances stipulées à l’origine en une monnaie