Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/1021

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au moment où cette révolution éclata, les sommes allouées par l’état étaient en partie épuisées, et des besoins autrement urgens ne permettaient plus à l’explorateur de compter sur des ressources de cette nature. Par une coïncidence fatale, vers la même époque, le consul de Bassorah fut rappelé, et le consulat de Mossul fut supprimé. Les recherches cessèrent donc absolument, et, jusqu’aux objets découverts à Khorsabad et qu’on n’avait pu encore enlever, tout fut abandonné. L’Angleterre, comme d’habitude, a profité de cette fâcheuse situation. Tandis que M. Botta se trouvait dans l’impossibilité de reprendre et de poursuivre ses investigations, elle a dépêché sur le sol de l’ancienne Assyrie de savans et courageux explorateurs qui ont fouillé avec ardeur le filon que l’archéologue français avait ouvert. Ils ont d’abord recueilli une quantité de ces petits bas-reliefs d’un mètre de hauteur, dessinés Par M. Flandin[1], les plus curieux peut-être pour l’histoire de la civilisation assyrienne, et que, dans l’impossibilité de tout emporter d’une seule fois, on avait laissés dans les tranchées du monticule de Khorsabad ; puis, ils se sont attaqués aux plus considérables de ces monticules qui paraissent recéler chacun le palais d’un roi, et Koyoundjek, Khorsahad de Nimbroud, ont été simultanément explorés. À Khorsahad de Nimbroud, où l’un de nos compatriotes, M. Lottin de Laval, avait le premier signalé la présence d’antiquités curieuses, M. Layard a rencontré un monument de date plus ancienne que le palais découvert par M. Botta, et il y a recueilli de nombreux et précieux spécimens de l’art assyrien d’une époque antérieure à celle des sculptures de Khorsabad. Cette différence ne se manifeste toutefois que dans les détails ; à Nimbroud comme à Khorsabad la disposition du palais paraît la même, et la décoration sculpturale se compose également de colosses et de bas-reliefs alternant avec des inscriptions. Les colosses de Nimbroud, déposés au Musée britannique depuis environ une année, sont de moindre dimension que les colosses du musée du Louvre. En revanche, tandis que les deux colosses du Louvre représentent chacun un taureau ailé, à figure humaine, ceux du Musée britannique représentent l’un un taureau, l’autre un lion ailé, également à figures humaines. À Nimbroud comme à Khorsabad, toutes ces figures se ressemblent, et paraissent être les portraits du prince régnant. Seulement la coiffure et les détails de l’ajustement ne sont pas les mêmes.

L’intérêt qui s’attache à ces découvertes est d’autant plus vif, qu’aujourd’hui les textes nombreux qui accompagnent les sculptures assyriennes ne sont plus indéchiffrables, et que d’ingénieux et patiens érudits ont su rendre la vie à ces lettres mortes. Une communication toute

  1. M. Flandin a décrit ici même les admirables monumens reproduits par son crayon. Voyez les livraisons du 15 juin et du 1er juillet 1845.