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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/1022

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récente du colonel Rawlinson[1] paraît établir d’une manière certaine la date des monumens trouvés dans les palais de Khorsabad, de Koyoundjek et de Ninive. Le colonel Rawlinson restitue avec précision toute une période de l’histoire de la seconde dynastie assyrienne, comprenant les règnes des quatre souverains qui se sont succédé de l’an 740 à l’an 600 avant Jésus-Christ[2]. Le plus ancien en date de ces rois, qui ne serait arrivé au trône qu’après un interrègne dont M. Rawlinson n’a pu déterminer la durée, est celui qui avait bâti et qui habitait le palais de Khorsabad, découvert par M. Botta ; son nom serait Sargina, Sarghun[3] ou Sargon, le Salmanazar de la Bible. L’épithète de Shalmenezer, qui lui est attribuée dans plusieurs des inscriptions copiées par M. Botta, ne laisserait aucun doute à ce sujet. La planche soixante-dix des inscriptions de Khorsabad, reproduites dans l’ouvrage sur Ninive, retracerait la conquête de Samarie par ce prince dans la première année de son règne, et la conduite en captivité des vingt-sept mille deux cent quatre-vingts familles juives, qu’il remplaça par des colons de Babylone, une de ses autres conquêtes[4]. D’autres bas-reliefs auraient trait à la soumission de l’Égypte et des provinces limitrophes, et à l’appui que, selon Ménandre, Salmanazar aurait accordé aux Citiens contre Sidon. Une statue de ce prince, avec une inscription trouvée à Chypre par M. Rawlinson, ne laisserait aucun doute à ce sujet. Les bas-reliefs du palais de Khorsabad comprendraient quinze années du règne de Sargon. M Rawlinson pense que ce monument était achevé lors de la seconde conquête de la Judée et de la captivité de Babylone, dans la sixième année du règne d’Ézéchias. On ne trouve, en effet, aucun bas-relief et aucune inscription qui rappellent ces événemens ; ceux qui ont trait à la guerre de Judée décorent un autre palais, et se rapportent à l’invasion de Sennachérib pendant la quatorzième année du règne d’Ézéchias.

Sargon avait bâti le palais de Khorsabad, Sennachérib a bâti celui de Koyoundjek, dont la découverte est toute récente[5], et que M. Layard vient d’exhumer. Là comme à Khorsabad, à Ninive et à Nimbroud, on a trouvé de nombreuses salles décorées de bas-reliefs et de colosses figurant des taureaux et des lions ailés à têtes humaines,

  1. Lettre au directeur de l’Athenœum en date du 19 août 1851.
  2. Le palais de Nimbroud, qui renferme, comme nous venons de le voir, les sculptures les plus précieuses, aurait appartenu à un prince de la dynastie antérieure, Sardanapale Ier.
  3. Le palais de Khorsabad s’appela Sarghun jusqu’à la conquête arabe. La ville de Sar’oûn, du district de Ninioua, dont Yacouti fait mention dans son dictionnaire géographique, dit Mou’djem-el-Bouldan, et qu’il représente comme ruinée et cachant sous ses décombres d’anciens trésors, n’est autre sans doute que le palais de Sarghun
  4. Les Rois, XVIII, 10-11.
  5. M. Botta avait commencé par fouiller le Koyoundjek, et n’avait rencontré que des fragmens insignifians. I. Layard, plus persistant, a été plus heureux.