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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/535

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églises épiscopales, à l’administration du diocèse. La dignité du canonicat fut aussi conférée quelquefois à des laïques. Les rois de France, par le seul fait de leur avènement à la couronne, étaient chanoines héréditaires de plusieurs cathédrales, et, lorsqu’ils entraient pour la première fois dans ces basiliques, on leur présentait l’aumusse et le surplis. Le roi Robert se montra très assidu à remplir les devoirs que lui imposait cette charge ; les jours de fêtes solennelles, il allait, vêtu d’une riche chappe de soie et le sceptre à la main, chanter au lutrin de Saint-Denis. Les comtes de Chastelus, en Bourgogne, étaient chanoines héréditaires de la cathédrale d’Auxerre, en récompense du service que l’un d’eux, comte de Beauvoir, avait rendu au chapitre de cette église en chassant une bande de brigands de l’une de ses propriétés. Lorsqu’il reçut l’investiture de son canonicat, le sire de Beauvoir se présenta à la porte du chœur botté, éperonné, armé de toutes pièces, l’aumusse sur le bras gauche, un faucon sur le poing et un surplis sur son armure. On le conduisit en grande cérémonie dans les stalles, et il se mit à chanter l’office avec ses nouveaux confrères.

Au XIIIe et au XIVe siècle, le chapitre de Notre-Dame de Paris était composé de huit dignités et de cinquante-deux prébendes, c’est-à-dire de cinquante-deux canonicats simples, auxquels étaient attachés des revenus. Les huit dignitaires étaient le doyen, le chantre, les trois archidiacres, le sous-chantre, le chancelier et le pénitencier. Les chanoines habitaient dans le cloître, accessoire très important de l’église Notre-Dame, qui s’étendait à l’est et au nord de cette église jusqu’au bord de la Seine. Ce cloître, au commencement du XIVe siècle, renfermait trente-sept, maisons, qui toutes étaient dotées de terres et rentes, et c’était là l’écueil. Enrichis par les revenus de leurs prébendes, les chanoines du moyen-âge ne se contentaient pas, comme au temps de Boileau, de bien dîner et de bien dormir ; il leur fallait encore, à ce qu’il semble, d’autres distractions, car les statuts capitulaires leur défendent de garder des femmes la nuit dans leurs maisons, excepté leurs mères, leurs soeurs, leurs parentes an troisième degré, ou les dames de haut parage qu’il eût été difficile d’expulser sans scandale. En 1334, les parentes elles-mêmes furent proscrites, et bientôt, après avoir chassé les femmes, on chassa les vendeurs, car les titulaires de prébendes, pour tirer un meilleur profit des vins de leurs récoltes, en trafiquaient eux-mêmes et tenaient des tavernes ; on décida que le vin vendu dans le cloître ne serait vendu qu’en gros, et que celui qu’on saisirait dans les tavernes serait donné aux pauvres de l’Hôtel-Dieu. Il fut également décidé qu’on expulserait de l’enceinte du cloître les ours, les cerfs, les corbeaux, les singes et autres animaux inutiles ou nuisibles qu’on y entretenait comme dans une ménagerie ou dans un parc.

Le chapitre jouissait sur divers quartiers de Paris d’une juridiction