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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/934

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présentent à chaque page dans le cours du livre ; l’histoire du passé y tourne sans cesse à l’allusion contemporaine, et M. d’Héricourt, qui se montre partout dans ses publications l’ami du progrès calme et régulier, ne pouvait choisir un texte à la fois plus intéressant et plus instructif. Nous l’engageons à poursuivre ses études et ses recherches, en lui recommandant toutefois de se concentrer davantage. L’histoire de l’Artois est encore à faire, et nous ne doutons pas qu’en appliquant à cette œuvre importante son zèle et son savoir, M, d’Héricourt ne la mène à bonne fin.

Aux nombreux travaux que nous venons de indiquer il faut ajouter les articles dispersés dans les recueils des sociétés savantes de Lille, Arras, Douai, Cambrai, Calais, et de la société de la Morinie, qui réunit en un faisceau commun les archéologues et les érudits de l’extrême nord. Les Mémoires de la Société de Cambrai, édités avec un luxe qui prouve que la typographie a fait en province les mêmes progrès que l’érudition, contiennent, entre autres morceaux distingués, une notice de M. A Lefebvre sur la vie de l’archevêque Van-der-Burch et les fondations de charité dont ce prélat a doté sa ville épiscopale, et un éloge historique du dernier archevêque de Cambrai, M. de Belmas, par M. L. Lasalve. Cet éloge, qui ne comprend pas moins de cent soixante-seize pages in-octavo, est suivi de notes justificatives et historiques, dont quelques-unes se rapportent à des époques fort reculées et présentent des faits intéressans et peu connus. Outre ses Mémoires, la Société centrale du Nord, séant à Douai, a commencé la publication d’une série de documens dont le premier volume a paru en 1849 sous -le titre de Recueil d’actes des XIIe et XIIIe siècles, en langue wallonne du nord de la France, avec une introduction et des notes, par M. Tailliar. Ce volume contient deux cent vingt-sept actes dont cent dix-huit ne dépassent pas l’année 1250. Le savant éditeur, qui s’est fait connaître par des recherches approfondies sur l’ancien droit municipal de la Flandre et de l’Artois, étudié les textes wallons contenus dans le volume dont nous venons de parler au double point de vue des institutions et des coutumes dont ces textes constatent l’existence, du droit public et privé dont ils sont l’expression : c’était là une tâche difficile, et M. Tailliar s’en est aussi heureusement acquitté comme philologue que comme jurisconsulte. L’académie d’Arras, dont Voltaire disait : « C’est une bonne fille qui n’a jamais fait parler d’elle, » a tenu à honneur, depuis le XVIIIe siècle jusqu’à notre temps, de répondre à cette épigramme par une série non interrompue de travaux estimables.

Une seconde société, désignée sous le nom de Commission des antiquités départementales, s’est récemment constituée dans cette ville. Le but de cette association, qui compte au nombre de ses membres les plus actifs M. l’abbé Parenty, de Linas, Henneguier, Achmet d’Héricourt, est d’appeler l’attention de l’autorité sur les monumens historiques, de prévenir des mutilations malheureusement trop fréquentes, et de surveiller les restaurations ; elle a reçu, en 1849, du conseil-général, la mission de publier un Album départemental, dont les deux premières livraisons ont paru récemment, avec une introduction de élégamment écrite par M. Harbaville, auteur du Mémorial historique du Pas-de-Calais. Ce qui caractérise les divers travaux dont nous venons de parler, c’est surtout l’exactitude et l’étendue des recherches. Esprits positifs et sérieux, les Flamands et les Artésiens ne se laissent point entraîner par les systèmes. Ils