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Honorius établit dans cette contrée ce qu’on pourrait appeler des frontières officielles. Aux efforts individuels des personnes que nous venons de nommer, la Société archéologique de Saintes a joint les efforts collectifs de tous ses membres. Elle a entrepris de réunir tous les documens qui se rapportent à l’histoire de la province. L’ère celtique et l’ère gallo-romaine sont aujourd’hui terminées, ainsi que les monographies de Saintes, de Saint-Jean-d’Angély, de Rochefort et de La Rochelle. — L’ancien Angoumois a été beaucoup moins étudié que la Sainlonge, et nous n’avons guère à citer, pour le département de la Charente, que le Bulletin de la Société archéologique de ce département et la Statistique monumentale de M. H. Michon.

Dans le Périgord, comme dans l’Angoumois, les publications historiques n’ont point été nombreuses, mais du moins il y en a d’estimables, et nous citerons comme excellentes celles de M. Félix de Verneilh, à Nontron. Il est peu d’hommes, nous ne dirons pas dans la province, mais à Paris même, qui portent dans l’archéologie plus d’initiative et de critique à la fois. M. de Verneilh est sans cesse à l’affût des découvertes, et, chose difficile, il marche sans s’égarer hors des sentiers battus. L’opuscule de M. de Verneilh, la Cathédrale de Cologne, est l’un des morceaux les plus remarquables qui aient été écrits sur l’art ogival et ses véritables origines. Ses recherches sur les villes neuves du XIIIe siècle, à plans réguliers, connues sous le nom de bastides, et sur l’architecture civile du moyen-âge, présentent la même nouveauté d’aperçus, la même sagacité critique. M. de Verneilh s’occupe en ce moment de mettre la dernière main à une Histoire de l’architecture byzantine en France, et les fragmens de ce livre qui ont paru dans les Annales archéologiques confirment pleinement l’opinion que nous venons d’émettre au sujet de l’auteur. Des travaux aussi consciencieux, aussi approfondis, sont trop rares pour que nous ne nous empressions pas de leur rendre toute la justice qu’ils méritent.

Dans l’ancien Nivernais, les archéologues et les érudits sont moins nombreux encore que dans les provinces dont nous venons de parler. Nous ne connaissons, comme présentant un intérêt véritable, que l’Armorial de M. de Soultrait. L’auteur de ce livre ne s’est point borné à donner les armoiries des familles nobles de l’ancien duché de Nivernais; il a indiqué aussi celles des établissemens religieux, des villes et bourgs, des communes et des corporations de la même province. Le département de la Nièvre n’a aucune société historique ou littéraire; les mémoires y sont remplacés par des almanachs qui paraissent tous les ans, et dans lesquels on trouve de bonnes indications sur l’histoire littéraire, politique, architectonique et monumentale du pays.

La Société historique et archéologique du Limousin a puissamment contribué à tirer cette partie de la France de son indifférence pour les travaux d’érudition, et, parmi ceux de ses membres qui se sont dernièrement fait remarquer par leur zèle et le mérite de leurs publications, nous citerons M. l’abbé Texier et M. Laymarié. M. Texier s’est occupé de liturgie, d’architecture, d’orfèvrerie, de peinture; il professe l’archéologie dans un séminaire de la Haute-Vienne, et, joignant la théorie à la pratique, il s’est fait l’architecte, et l’architecte habile, des églises que l’on bâtit et de celles que l’on restaure dans le diocèse auquel il est attaché. M. Laymarié s’est fait connaître par une Histoire de la Bourgeoisie du Limousin et une Histoire des Paysans en France. On a dit, à