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volontiers aux artistes contemporains un sentiment suffisant du dessin et de l’attribut. Un Liégeeois, M. N. Julin, fait des camées d’un beau travail et en tout point supérieurs aux médailles des plus habiles. Un de ces camées, où la Transfiguration est reproduite dans un médaillon de deux ou trois pouces de diamètre, attire les regards par la fidélité de la traduction et le succès de la tentative.

La gravure avait suivi au dernier siècle, en Belgique, la décadence générale des arts. Gilles Demarteau, de Liège, qui mourut en 1776, et à qui on attribue, à tort peut-être, l’invention de la gravure en manière de crayon, est le seul graveur belge dont le nom ait eu à cette époque quelque célébrité. Lorsque renaît la peinture, la gravure reparaît : Suwée. de Bruges, peintre distingué de l’école de David, a pour graveur M. de Meulemeester, dont les amateurs recherchent aujourd’hui les œuvres avec empressement. M. de Meulemeester était un habile artiste; son trait est d’une irréprochable pureté. Il a passé une grande partie de sa vie à Rome, et pendant plus de vingt ans les visiteurs du Vatican ont pu le voir, juché au haut d’une échelle double, copier, avec une attention dont rien ne le pouvait distraire, les loges de Raphaël. Dans les derniers temps du séjour de M. de Meulemeester à Rome, son admiration pour Raphaël était devenue une sorte de fanatisme. Il revint enfin dans son pays, et commença à graver les loges d’après les dessins qu’il en avait faits; mais la mort le frappa au moment où il venait de terminer les premières planches de cette immense publication, et il descendit au tombeau avant d’avoir recueilli le fruit de ses travaux. Après lui, et jusqu’au moment où M. L. Calamatta, que le gouvernement fit venir pour diriger l’école de gravure qui venait d’être instituée, commença la grande entreprise dont le soin lui était confié, on ne vit pas paraître une seule gravure en Belgique. Maintenant deux écoles s’y partagent la faveur du gouvernement : celle de Bruxelles, dirigée par M. Calamatta, et celle d’Anvers, dont le chef est M. Erinn Corr, qui avait précédé M. Calamatta en Belgique. Il semble que l’école d’Anvers veuille s’inspirer des traditions des anciens maîtres, des Edelinck et des Bolswert. Quant à l’école de Bruxelles, elle s’inspire de M. Calamatta; mais la manière de ce graveur est. de sa nature, d’une acquisition lente et difficile, et ce n’est guère que dans quelques années qu’il sera possible de constater le résultat des efforts du maître et de comparer la somme de talent acquise et l’étendue des sacrifices. Déjà quelques-uns des jeunes graveurs belges ont un nom dans le pays, et il est permis d’espérer que leur réputation n’y restera pas bornée. M.M. Meunier, Martinez, Delboele, Lelli, Desvachez, se sont fait connaître au salon par plusieurs bonnes gravures. Il y aurait pourtant a leur donner un conseil : le choix de l’œuvre à reproduire importe au graveur; graver un mauvais tableau, c’est faire douter de son