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goût et de son talent. Quelques graveurs belges s’attachent trop obstinément à graver de mauvais tableaux et s’imposent par là une solidarité fâcheuse.

Les gravures sur bois de MM. Brown, Pannemaeker, Ligny et Vermorcken, les pastels de MM. Stroobant, Lauters, Aubin et Patania, les lithographies de MM. Baugniet, Schubert et Billoin, les aquarelles de MM. Simonau et Vanderhecht, les eaux-fortes de MM. Dillens et Vertommen, les miniatures de M. Delatour;, les dessins d’architecture de MM. Dumont et Suys (M. Balat n’a pas exposé, à notre grand regret), sont, à divers titres, des choses aussi remarquées que dignes de l’être.


Quelle conclusion tirer de la dernière exposition de Bruxelles? L’art belge est-il en progrès ou en décadence? — Ce que nous avons dit de la place que tient aujourd’hui l’école de Bruxelles en Belgique est déjà, nous le croyons, une réponse à cette question. La conciliation savante du dessin et de la couleur, tel est le but que poursuivent aujourd’hui les artistes de Bruxelles. L’école classique de M. Navez, l’école romantique des coloristes d’Anvers, sont depuis long-temps dépassées. Il reste cependant pour l’art belge une dernière conquête à faire, celle de sa pleine originalité. L’art, après avoir traversé en Belgique les mêmes phases qu’en France, saura-t-il s’affranchir désormais de cette dépendance, vivre et grandir par lui-même? Si la dernière exposition de Bruxelles n’offre point encore des résultats complets, elle est du moins pleine de promesses, et c’est assez pour donner bon espoir. Déjà l’exemple de quelques peintres éminens a fait beaucoup pour l’école belge; l’enseignement de la peinture, encouragé et complété par les soins du gouvernement, fera le reste.


E. LANDOY.