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de l’empire. Le gouvernement de dom Pedro II entretient sous les armes une force de près de vingt-trois mille hommes. Après la pacification de la province de Rio-Grande, dont la révolte contre le pouvoir avait duré neuf ans, tout le monde s’attendait à voir le pays, rentré enfin dans des voies normales, renoncer à ce contingent de forces inutiles ; il n’en a rien été. La lutte qui se prolonge entre Buenos Ayres et Montevideo n’a encore permis aucune réduction dans l’effectif militaire du Brésil. La province de Rio-Grande, qui s’étend à l’extrémité sud de l’empire, et qui long-temps a tenu en échec les forces du gouvernement, couve toujours d’ailleurs dans son sein quelque ferment d’agitation, quelques velléités d’indépendance. Cette province, qui touche à la Bande Orientale, dont Montevideo est la capitale, et qui entretient avec cette république un commerce fort étendu, la soutient naturellement dans ses hostilités contre Rosas qui la menace sans cesse. Le Brésil tient échelonné sur cette frontière un corps d’armée qui n’aura point, il faut l’espérer, à se départir de son rôle d’observation. Tout récemment en effet, lorsque le Paraguay est venu occuper militairement, comme étant sa propriété, les plaines situées entre le Parana et l’Uruguay, le Brésil n’est point intervenu entre ce pays et la république Argentine, qui revendiquait, de son côté, cette langue de terre comme partie intégrante de la province de Correintes.

La dette extérieure, résultant des emprunts faits en Angleterre, s’est accrue depuis 1824 au point d’atteindre aujourd’hui le chiffre de 154,270,250 fr. en comprenant une partie de l’emprunt portugais, que le Brésil a prise à sa charge comme frais d’indemnité consentis, en échange de son indépendance, envers l’ancienne métropole. Il est juste toutefois de faire observer que les intérêts de cette dette ont toujours été régulièrement acquittés, que le Brésil, où les fonds n’ont pas cessé de monter depuis quelques années, n’a jamais été inquiété pour le remboursement des dividendes, et qu’il trouvera facilement en 1852, époque de l’échéance de l’emprunt, soit la facilité de renouveler son contrat, soit les moyens de rembourser ce qu’il doit en contractant un emprunt nouveau.

La dette intérieure inscrite et consolidée s’élève à une somme de 140 millions de francs, portant intérêt à 6, 5 et 4 pour 100, intérêt dont le paiement n’a jamais éprouvé de retard sérieux. Le papier-monnaie en circulation dans toute l’étendue de l’empire représente en outre un capital de 136 millions de francs.. Cette estimation pour le papier-monnaie est faite sur le pied de 340 et 350 reis par franc. Cette dette bien qu’immense pour un pays qui compte à peine un quart de siècle d’existence politique, et cette quantité de papier-monnaie sujette à des fluctuations continuelles, ne seraient point peut-être un embarras pour le Brésil, si le gouvernement réussissait, par un système de colonisation sagement organisé, à tirer enfin tout le parti désirable des innombrables richesses de son territoire. Malheureusement, les questions de politique générale absorbent dans de stériles débats l’attention que réclament les intérêts de l’agriculture et de l’industrie brésiliennes. Cependant, ne l’oublions pas, il y a deux autres causes à cette torpeur industrielle d’un pays si richement doté par la nature. C’est, en premier lieu, le mépris qu’on y a trop long-temps affecté pour tout ce qui n’est pas professions libérales ; en seond lieu, l’influence des articles perpétuels d’un traité fait avec la France sous dom Pedro Ier. Ces articles perpétuels sont des liens qui entravent, quant au commerce,