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rattachant à la dernière paix, le gouvernement français sera invité à participer aux délibérations. Si, pour mieux assurer le maintien de l’ordre en France, on a jugé à propos de fixer un terme auquel les souverains se réuniront de nouveau, je n’y ai pas d’objections, et bien que cette fixation puisse prêter à quelque interprétation fâcheuse, les bons effets en balanceraient peut-être les inconvéniens, mais il est parfois aussi peu sage de vouloir porter sa vue trop loin dans l’avenir que de la restreindre dans un horizon trop limité. — Vous devez aussi être très circonspect en matière de stipulations secrètes à insérer aux protocoles. Il peut être convenable de soustraire à la connaissance du public les détails d’exécution d’engagemens connus, mais on nous demandera sans doute dans le parlement si nous avons pris d’autres engagemens que ceux qui sont publiés, et nous serions dans une position bien fausse, si nous nous trouvions réduits à équivoquer en pareille matière. — Nous devons nous rappeler dans tout le cours de cette affaire et faire sentir à nos alliés… que le parlement britannique discutera toutes ces questions dans le sens le plus étendu, que nous avons à aborder une nouvelle chambre des communes qui n’a pas encore été éprouvée, dont les tendances sont douteuses, et qui très certainement n’est pas préparée à considérer les questions étrangères du même point de vue que le faisait le parlement, il y quelques années, lorsqu’il était placé sous la pression ou sous le souvenir encore tout récent des grands dangers extérieurs. »


Une autre lettre de lord Liverpool, écrite le même jour, après l’arrivée d’un courrier de lord Castlereagh, contient les passages suivans :


«… Nous venons de recevoir vos dépêches. Nous avons à peine eu le temps de les parcourir ; mais la possibilité d’un nouveau traité auquel la France prendrait part a appelé toute notre attention. Nous sommes persuadés qu’une telle mesure deviendrait la matière des débats les plus pénibles, et nous ne pourrions empêcher le parlement de prononcer une opinion sur ce fait nouveau, tandis qu’en nous en tenant aux engagemens existans, nous sommes couverts, pour tout ce que nous faisons, par l’autorité du dernier parlement - De plus, cette manière de procéder pourrait créer entre nous-mêmes des dissentimens sérieux, attendu qu’on peut certainement la présenter comme contraire à l’esprit évident, sinon à la lettre de vos instructions, et comme n’étant justifiée par aucune nécessité pressante qui eut pu vous empêcher de soumettre un document de cette nature à l’opinion du gouvernement… Il faut faire comprendre aux tinsses que nous avons un parlement et un public envers lesquels nous sommes responsables, et que nous ne pouvons pas nous laisser entraîner à partager les vues d’une politique entièrement incompatible avec l’esprit de notre gouvernement. »


Quelques jours après, lord Liverpool, discutant le texte de plusieurs projets de déclarations envoyés à Londres par lord Castlereagh, lui disait :… « Ma seule objection importante se réfère à la partie du projet n° 2, qui exprime sur l’état intérieur, de la France une opinion plus affirmative que la nécessité ne l’exige, et peut-être