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LA


QUESTION D’ORIENT


LES NÉGOCIATIONS CONFIDENTIELLES DE LONDRES ET L’ÉGLISE RUSSE





I. — Communications relatives à la Turquie faites au gouvernement de sa majesté

par l’empereur de Russie, et Réponses à ces communications.

II. — Le Côté religieux de la Question d’Orient, par le comte de Ficquelmont, in-8o, Paris 1854.




Le grand jour s’est fait enfin sur la crise actuelle, grâce à la publication de la correspondance secrète et confidentielle échangée, au commencement de l’année dernière, entre la Russie et le gouvernement anglais. Ces révélations si imprévues confirment pleinement l’esprit et les conclusions de nos précédentes études sur la question d’Orient. Nous allons nous en servir pour compléter l’histoire de ces transactions. l’on peut aujourd’hui, à la lumière saisissante des nouveaux documens, préciser les vues réelles de la Russie, le véritable caractère de son entreprise, la vraie situation qu’elle a faite à l’Europe, et les vastes conséquences de la lutte commencée.

Il y a une pensée qui a été pour ainsi dire l’âme de la politique russe vis-à-vis de la Turquie dans ces dernières années : cette pensée, le premier document de la correspondance anglaise, le mémorandum de M. de Nesselrode la met à nu. La préoccupation dominante qui a depuis 1844 absorbé l’empereur Nicolas est celle-ci : — les jours de l’empire ottoman sont comptés; sa dissolution est imminente ; une circonstance imprévue peut à chaque instant déterminer sa chute. Depuis 1844, la Turquie n’a plus été pour l’empereur de Russie «qu’un homme malade, gravement malade, qui pouvait mourir subitement et rester sur les bras » de l’Europe. En même temps qu’il couvait et nourrissait cette pensée, l’empereur avait pris avec