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différentes parties du globe omises dans l’énumération précédente, nous aurons les 4 millions énoncés ci-dessus. À cette évaluation générale, je dois ajouter quelques remarques particulières.

Le nombre des Arméniens de Constantinople est donné très diversement par les différens auteurs. Un écrivain de cette ville, M. Hissarian, rédacteur de la revue arménienne le Panassêr (le Littérateur), et un auteur anglais, M. Robert Curzon, abaissent ce nombre jusqu’à 100,000 âmes[1], d’après un calcul qui est évidemment insuffisant; M. l’abbé Boré le fixe à 222,000 (savoir 205,000 Arméniens grégoriens et 17,000 catholiques)[2]; enfin M. Lorenz Rigler, ancien professeur de clinique à l’école de médecine de Galata-Seraï, à Constantinople, dans son livre intitulé : la Turquie et ses habitans, le porte jusqu’à 250,000, suivant un dénombrement récent qu’il dit être officiel[3].

Les Arméniens d’Egypte, établis principalement à Alexandrie et au Caire, sont au nombre de 3 à 4,000; ceux qu’a laissés en Perse l’émigration de 1828, de 120 à 150,000, d’après les renseignemens fournis par M. Jean David, premier interprète du schah actuel, pendant son séjour en Autriche, où il est venu en 1851, de la part de son souverain, recruter une colonie d’instructeurs militaires, de médecins et d’ingénieurs des mines[4].

Dans ces pays divers, le climat, le régime, la profession, peuvent modifier le type originel qui distingue les Arméniens. M. Lorenz Rigler, qui, pendant une longue résidence dans la capitale de l’empire ottoman, a eu comme médecin l’occasion de les étudier de près, et que ses connaissances spéciales mettaient à même de bien déterminer leurs caractères physiologiques, pense que ce type, dans son expression la plus générale et la plus exacte, se rencontre dans la corporation des ouvriers et des portefaix de cette capitale. Voici comment il les dépeint : — la taille des Arméniens, dit-il, varie entre

  1. Panassêr, novembre 1851. — Armenia, a year at Erzeraum and on the frontiers of Russia, Turkey and Persia, by Robert Curzon, London, 1 vol. 1854, John Murray.
  2. Almanach de l’empire ottoman pour 1849, publié à Constantinople.
  3. Die Turkey und ihre Bewohner, 2 vol. in-8o, Vienne 1852. Voici comment M. Lorenz Rigler répartit l’ensemble de la population de Constantinople :
    400,000 Turks.
    250,000 Arméniens.
    130,000 Grecs.
    20,000 Juifs.
    6,000 Hellènes (sujets du royaume de Grèce).
    8,000 Européens de différentes nations.
    814,000 Total.
  4. L’Europe, journal arménien de Vienne, n° du 11-23 mars 1851.