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Celle qu’établit en Hollande, au XVIIe siècle, l’évêque Osgan mérite une mention particulière dans les fastes de l’art typographique, et rappelle avec honneur la patrie des Elzeviers. L’élégance des types d’Osgan les a fait adopter dans les meilleures imprimeries arméniennes, celles de Venise et de Vienne. Parmi les éditions auxquelles il a donné ses soins, on cite une Bible in-4o, avec des vignettes sur bois, comme un chef-d’œuvre d’exécution, ainsi que l’Histoire de l’Arménie sous le règne du roi de Perse Schah-Abbas Ier et de ses successeurs, depuis 1601 jusqu’en 1662, par Arakel.

Ceci me conduit à parler de la presse périodique arménienne. Quoiqu’elle n’ait pour s’alimenter que la ressource des abonnemens individuels et des dons volontaires, et qu’elle ne soit subventionnée par aucun gouvernement, comme le sont les gazettes turkes, elle a pris cependant un développement que celles-ci n’ont point encore atteint. Il n’existe pas de ville tant soit peu considérable habitée par les Arméniens où ils n’aient essayé de se donner un organe de publicité, journal ou revue. Sous ce rapport, ils sont les plus avancés de toutes les nations orientales, et les seuls qui aient conçu la rédaction des journaux sous le double point de vue politique et littéraire. Leurs progrès paraîtront sans doute très restreints, si on les compare à ceux des peuples de l’Europe, chez lesquels la presse périodique a pris le plus d’extension, et où chaque agglomération de vingt-cinq ou trente mille habitans est représentée par un journal; mais ces progrès n’en sont pas moins fort remarquables, si l’on tient compte du peu de temps qui s’est écoulé depuis que le journalisme a été implanté chez les Arméniens, et de leur faiblesse numérique ou sociale comme nation. En prenant pour base le rapport d’un journal par vingt-cinq ou trente mille habitans, et en évaluant les Arméniens à quatre millions d’âmes, on trouve qu’ils devraient avoir de 150 à 160 journaux. Ils sont encore loin de ce chiffre[1].

C’est aux mekhitharistes de Venise qu’est due la création du journalisme arménien, par la fondation en 1812, à Constantinople, du Puzantian Tidag' (l’Observateur de Byzance), qui parut sous le patronage et aux frais de l’association connue sous le nom de Société

  1. L’Europe, journal publié par les mekhitharistes de Vienne, a consacré une suite d’articles à faire l’histoire de la presse périodique arménienne dans les numéros 28, 30, 34, 35, 37, 38 et 40 de l’année 1850. C’est de cette feuille que j’ai tiré en très grande partie mes renseignemens.