Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 6.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Angleterre, et qui a duré de 1839 à 1843; le Haïrenassêr (le Patriote), établi dans la même ville par M. Mélik Séloumiants, et qui se soutint pendant deux ans (1843-1845); enfin le Moniteur de Byzance, à Constantinople, rédigé par M. Christophe Osganian, mais qui ne fournit qu’une carrière de quelques mois (1840).

Depuis 1812 jusqu’à présent, le nombre des périodiques arméniens a été de vingt et un, journaux ou revues, outre deux publications qui paraissent par livraisons, mais à des époques indéterminées, les Annales et la Mode[1].

Sur ces vingt et un périodiques arméniens, il n’y en a que six qui survivent aujourd’hui : l’Aurore de l’Ararad, à Smyrne; le Pazmavèb ou Polygraphe, à Venise; l’Europe, à Vienne; le Jardin des fleurs et le Massis, à Constantinople; l’Ami de l’instruction, à Singapore. Les trois derniers étant d’une date récente et n’ayant point subi l’épreuve du temps, il est impossible de calculer leurs chances de viabilité; les trois premiers seuls ont fourni une carrière assez longue pour qu’il soit permis de penser que leur succès est désormais assuré. Ce succès est dû, pour le Polygraphe et l’Europe, à l’incontestable supériorité de leur rédaction, qui a son modèle et sa source en grande partie dans les journaux européens, et à la ligne de modération dans laquelle elle est circonscrite; — Pour l’Aurore de l’Ararad, de Smyrne, à l’importance des informations commerciales que le rédacteur de cette feuille est à portée de recueillir dans cette ville, entrepôt principal du commerce dans le Levant, et qui doivent être surtout appréciées par un peuple essentiellement marchand, comme le sont les Arméniens. Dans cette production de journaux, Constantinople figure pour près de la moitié, sans que ces publications y aient acquis plus de fixité et de consistance que dans d’autres localités beaucoup moins importantes. La durée moyenne de leur existence n’a pas dépassé en effet jusqu’ici dix-huit mois ou deux ans. Cette instabilité prouve que la presse périodique n’est point encore entrée dans les habitudes journalières de la société arménienne, quoique cette multiplicité de feuilles qui cessent et sont remplacées immédiatement annonce les plus louables efforts pour l’y faire pénétrer. Il est vrai aussi de dire que sauf les trois journaux que j’ai

  1. Le prix d’abonnement annuel des journaux hebdomadaires est à Constantinople de 120 à 130 gourousch ou piastres turkes, non compris les frais de poste, somme qui, en calculant le gourousch au taux moyen de 0,25 cent. (La valeur du gourousch a subi des variations considérables et fréquentes : elle était il y a quelques années de 0,20 cent., en ce moment elle est de 0,23.), équivaut à 30 fr. on 32 fr. cent. de notre monnaie. Les revues coûtent de 20 à 40 gourousch, c’est-à-dire de 5 à 10 fr. Le prix de l’Europe à Vienne, avec les frais de poste, est de 10 florins d’argent, ou 30 francs.