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de celui de la population arménienne de Constantinople, nous donne une proportion de 2 1/2 à 3 pour 100, nombre encore bien faible si on le compare à celui des statistiques européennes les plus satisfaisantes, mais dont l’exiguïté s’explique par le peu de temps écoulé depuis que l’instruction publique a pris racine parmi les Arméniens, par les habitudes de la vie orientale qui retiennent les filles dans le giron maternel, et par la circonstance que les classes populaires ne sont point encore entrées dans ce mouvement de rénovation[1].

Le cadre des études suivies dans les établissemens arméniens, plus ou moins large suivant l’importance de chacun d’eux, embrasse dans toute son étendue, outre l’instruction religieuse, commune à tous, la langue arménienne ancienne et littéraire, le turk, le grec moderne, le français et l’italien, les mathématiques jusques et y compris la géométrie, les élémens des sciences physiques, la musique et le dessin. Au séminaire de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, fondé en 1851 à Bey-Oglou (Péra) par Mgr Hassoun, primat catholique de Constantinople, et qui est une institution à la fois laïque et ecclésiastique, ces études se continuent au moins pendant dix ans et sont couronnées par un cours de théologie imposé aux candidats au sacerdoce. L’hospice national de Yédi-Rouîé, où sont recueillis les pauvres, les malades et les aliénés, renferme aussi une école qui est à la fois un orphelinat et un lieu de correction pour les enfans indisciplinés. La maison d’éducation la plus considérable des Arméniens à Constantinople, tant pour le nombre des élèves que pour la supériorité des études, est l’école de Saint-Sahag, située à Samathia, dans Stamboul, non loin du palais du patriarche.

En dehors de la zone que nous venons de parcourir en Asie, les renseignemens nous manquent, faute de communications avec ces contrées lointaines. Nous ne connaissons dans la Perse que le collège de Djoulfa, attenant à l’église de l’Aménapherguitch (le Sauveur du monde), et qui porte le nom de la famille Samian qui l’a fondé ou doté, et à Calcutta l’Armenian philanthropie Academy, qui admet de 55 à 60 élèves, et une école de filles sous l’invocation de sainte Santoukhd.

Je m’arrête ici dans la tâche que je m’étais proposée, de peindre

  1. Voici les noms des quartiers de Constantinople, de ses faubourgs et des villages de la banlieue où existent des écoles et collèges arméniens. Cette énumération suit la direction de l’ouest à l’est. — Côté d’Europe : Maker-Keni, Yédi-Koulé, Top-Kapou, Narlé-Kapou, Samathia, Yéni-Kapou, Kboum-Kapou, Guédik-Pacha, Fener, Balad, Eyoub, Khas-Keni, Kasem-Pacha, Galata, Bey-Oglou (Pera), Beschik-Tasch, Ortha-Keni, Kourou-Tchesmé, Roumélie-Hissar, Boradg-Keni, Yéni-Keni et Buyuk-Déré, en tout 30, dont 4 à Koum-Kapou, 3 à Bey-Oglou (Péra), 2 à Eyoub et à Galata, 1 sur chacun des autres points. — Côté d’Asie : Khartal, Alem-Daghi, Cadi-Keni, Scutari, Kousgoundjouk, Kandilli et Beïkos, en tout 8, dont 2 à Scutari et 1 dans chacune des autres localités.