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Mais, sous les fleurs écloses,
Amour m’a déniché.

Il courut au bocage
Léger et triomphant.
J’eus pour première cage
Les doigts du bel enfant.

J’ai reçu la becquée
Sur le-bout de son dard ;
Ma langue y fut piquée
Par le dieu babillard.

Aussi ma voix subtile,
En tout cœur, dès ce jour,
S’insinue et distille
Un doux venin d’amour.

Et ma gorge en délire,
Dans ses brillans fredons,
De l’amoureuse lyre
Sait prendre tous les tons.

Je veux chanter encore
Ma joie et mes ennuis ;
Je chante avec l’aurore,
Je chante avec les nuits.

Je défie et méprise
Fauvettes et pinsons,
Et la mort seule épuise
Mon cœur et mes chansons.

J’aime une fleur nouvelle,
La rose qui m’entend ;
J’aime, et je veux, près d’elle,
Expirer en chantant.


ADAH.

J’y suis bien sous ton ciel de flamme !
J’y sens mieux respirer mon âme ;
C’est la vie après le sommeil.
J’aime aux fleurs ces parfums sauvages
Et l’air brûlant de ces rivages…
Marchons toujours vers le soleil.