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Quel enivrant parfum autour de toi voltige !
Hier, tu m’offris des fleurs aux étranges contours ;
Des signes merveilleux sont peints sur leur velours,
Et, quand je les respire, il me vient un vertige.

Tu m’as parlé souvent d’une terre aux fruits d’or ;
Tu voudrais la revoir et l’habiter ensemble ;
Je suis prête à t’y suivre… et malgré moi je tremble…
Sous l’aubépine en fleur, ami, restons encor.

Je veux cueillir encor les genêts de nos landes ;
Laisse-moi du vieux temple en orner les piliers.
Et, des fleurs du pays, achever ces guirlandes
Que j’ai fait vœu d’offrir à nos dieux familiers.


CHŒUR DE FÉES.

Dans l’aube où nous régnons bienheureux qui sommeille !
Dénoue avec lenteur notre écharpe vermeille.
Et garde un voile encor sur ton front ingénu.
Que l’innocent réveil du printemps qui se lève
Ressemble encore au rêve
Où ton âme entrevit le céleste inconnu.

Fais durer longuement la saison des prémices ;
Les jours y sont pareils, mais tous ont leurs délices.
Vos heures passeront comme un groupe de sœurs ;
Toutes ont le même air et semblable parure ;
Pourtant chaque figure
A sa grâce distincte et ses propres douceurs.

Reste donc parmi nous, dans le pays des songes,
Seul monde où le cœur vive à l’abri des mensonges ;
Habite nos palais de nuages construits ;
Ne poursuis que des yeux nos vagues perspectives ;
Fuis les clartés trop vives.
Et nourris-toi des fleurs plus douces que les fruits.


II.

LE ROSSIGNOL.

Dans un buisson de roses
Mon nid fut bien caché ;