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Suis l’instinct charmant qui t’entraîne
À jouir de nos dons secrets :
Le vent dort, la mer est sereine ;
Venez écouter de plus près
La douce voix de la Sirène.


III.

ADAH.

C’en est fait des beaux jours ! le soleil incertain
S’est levé dans la brume.
De nos baisers d’hier, pleurant jusqu’au matin.
Je garde une amertume.

Nous marchions, au retour, sur les gazons flétris,
Sur la feuille jaunie.
Quand j’ai vu s’allumer, dans ses yeux assombris,
L’éclair de l’ironie.

Et mon cœur se referme ! et j’oublie à jamais
Nos printemps et mes songes.
Bonheurs qu’il m’a donnés, saisons où je l’aimais,
N’étiez-vous que mensonges ?


VENTS D’AUTOMNE.

Tenez la porte close et gardez votre cœur !
Je sens un souffle aigu, j’écoute un bruit moqueur :
Voici les vents d’automne.
Les feuilles, devant moi, volent en tourbillons ;
Un brouillard glacial étend sur les sillons
Sa blancheur monotone.

Adieu, tièdes zéphyrs aux murmures discrets.
C’est la bise insolente ; elle arrache aux forêts
Des cris de mille sortes.
Je l’entends qui nous raille en ses longs sifflemens,.
Et j’ai fait, sous mes pieds, comme des ossemens,
Craquer les branches mortes.


ADAH.

Je m’éveille au milieu du lointain univers,
Où tu m’as entraînée.